14.0. LA LIMITE


Tenir compte de la raison « et » de ses limites, est - l’intelligence.



14.1. ENCORE DE LA RAISON

Nous pensions, dans le chapitre 10.1., que la raison parfaite devrait prendre la forme d’une sphère ou, à la limite, d’un point. A présent, nous ajouterions à cette idée que cela pourrait être une sphère remplie du réversible, alors que la surface - limite-peau - de la sphère serait faite de l’irréversible.

- Mais, qu’y a-t-il de l’autre côté, après la limite, à l’extérieur de la raison ? 
- Certes, c’est cette question que la raison se pose.
- Mais elle ne fait que répéter ou, encore, vérifier, sa réversibilité, « sa » raison. Elle ne « pense » pas au-delà de ce qu’elle est ! 
- Si. Elle ne pense pas à cela mais, se vérifiant, se confirmant, elle se heurte aux limites et, malgré elle, elle les transcende - et pense. 
- Soit. Donc, qu’est-ce qu’il y a dehors ? 
- Cela ne peut être que l’irréversible, l’ignorance, le non-convertible, par rapport à l’intérieur, bien sûr.
- Dans ce cas, la limite entre la raison et l’ignorance, qu’est-elle ?
- Les deux : le réversible « et » l’irréversible.
- La limite est donc le domaine où les deux absurdités sont à égalité ? Est-elle l’expression de l’état de sagesse ? Ou, encore, la limite est-elle une nouvelle raison ( 6.0.9.2.2. ) ?
- Si les deux absurdes sont à égalité - oui. Sinon, c’est un domaine d’observation et de transmutation extérieur - intérieur.
- La limite est alors une zone où, aussi bien l’intérieur peut observer l’extérieur, que l’extérieur regarder ce qui se passe à l’intérieur. 
- Oui. Mais toujours à travers le filtre de la limite, jamais directement.
- En fait, c’est la fonction « et », la limite qui sépare en l’intérieur et l’extérieur, qui fait l’un « ou » l’autre.
- Ou bien unit ces deux domaines qui, sans condition « et », n’auraient jamais pu se connaître.

 

NOTES :

  • Dans notre sphère, l’intérieur homogène est entouré de l’hétérogène. ( Ou, autrement dit, la raison - énergie - à l’intérieur, couverte par la matière - limite. )
  • L’intérieur réversible, se vérifiant, fait pression sur ses limites ; les convertit en raison homogène.

 

PENSEES :

  • Puisque la raison-limite n’est pas parfaite, les prévisions faites par les absurdes opposés qu’elle sépare, de ce qu’est le « au-delà » d’eux, ne peuvent non plus être parfaites.
  • Ou, encore, la non-linéarité de la raison-limite déforme la communication des absurdes opposés, elle pense.

 

 

14.2. LES FOYERS DE REPRESENTATION

- Puisque la limite est un domaine de tolérance, l’on devrait retrouver dans son « épaisseur » les éléments de deux absurdes - l’intérieur et l’extérieur - en état de communication.
- Or, l’intérieur - homogène et raison - est « un », alors que l’extérieur - irréversible et hétérogène - est constitué de différents éléments. En conséquence, la limite devrait être construite à partir d’un mélange des copies d’éléments extérieurs et de la raison intérieure (1.2.2.) où chaque copie, séparément, est « entourée » par cette raison.
- Que sont-elles, ces copies de l’extérieur, dans le bain de la raison ?
- Chacune - une rencontre d’un « un » avec le multiple - est un observateur dont le « un », le concept et la certitude, observe ce même multiple. Dans ce sens, les copies « enveloppées » ou, peut-être, « imprégnées » de la raison intérieure, sont des foyers de représentation de deux absurdes - intérieur et extérieur - dans la limite.
- L’extérieur étant multiple - les foyers de représentation sont aussi multiples mais, la raison intérieure, le « un », est-il toujours le même pour l’ensemble des foyers ?
- Oui, si, dès le départ, il est homogène, uni. Et c’est son unité qui lie les différents foyers, qui scelle la limite. 
- Certes, si la raison n’est pas « un », si elle est différenciée ou, encore, incertaine, le lien unissant les foyers est faible, la limite floue et l’on s’éloigne de la perfection « sphérique » de la raison.
- Oui. Nous avons alors, d’un côté le multiple - extérieur - et, de l’autre côté, aussi, un multiple.

 

NOTE :

Il est concevable que la raison soit à l’extérieur et le multiple à l’intérieur ; un cas de l’irréversible à l’intérieur du réversible.

 

 

14.3. LE MODELE DU REEL

- Si l’intérieur est « un » - une raison unie - et, l’extérieur ce que l’on appelle le « réel » multiple, sur la limite de ces deux domaines absurdes on devrait retrouver les éléments du réel liés par cette raison intérieure. 
- En fait, une copie ou, plutôt, un modèle du réel ?
- C’est cela. Et si la raison liant est parfaite, « une », neutre, la simulation sur la limite peut devenir une réplique fidèle du réel extérieur.
- A condition que les copies soient effectivement des répliques.
- Bien sûr. Mais, s’il en est ainsi, peut-être le réel, lui-même séparé en multiples éléments, est une limite entre un autre « réel » et une autre raison.
- C’est-à-dire qu’il est une copie, un modèle d’un autre « réel » lié par une autre raison ? 
- Ce n’est qu’une hypothèse. 
- Toujours est-il que le modèle, ou encore le réel compacté, est une limite - séparateur - entre « un réel » et « une raison ».

 

NOTES :

Faut-il remplacer les mots raison, un, concept, par le mot « champ » ?

 La perfection du modèle dépend, d’une part, d’homogénéité de la raison et, de l’autre, de la « qualité » des répliques du réel.

 

 

14.4. L’INVERSION

- De quelle matière sont faites les répliques qui construisent la limite ?
- De la seule disponible : la matière de la raison, de « l’un ».
- Certes, seule une matière homogène, non différenciée, permet la modélisation fidèle. Alors que tout défaut de son unicité fausse la reproduction et, en conséquence, la fidélité du modèle créé.
- Donc, pour la construction de la limite, le « un » fournit de la « matière première », alors que l’extérieur multiple apporte la forme, le concept ? 
Or, nous avons établi que le « un » est concept et que le multiple est connaissance !
- En effet, cela semble contradictoire. Mais ce n’est qu’une apparence car, sur la limite, où règne la tolérance, le « un » abandonne la dureté de sa raison et le multiple se rigidifie. Sur la limite, les absurdes changent de fonction. L’un devient multiple et le multiple - un ! L’ignorance devient connaissance et la connaissance - ignorance !

 

NOTES :

  • La limite résulte de l’union de deux opposés.
  • Elle contient les éléments de ces opposés.
  • Elle est « l’enfant » du réel et de « l’un ».
  • La limite réalise la fonction d’inversion.

 

 

14.5. LA MORT

- Puisque la limite contient les éléments des opposés, d’union desquels elle est née, sa présence sépare le réel en « réel » et « un ».
- Oui. L’on pourrait aussi dire : en « son réel ». Elle « est », donc elle sépare.
- Or, si la limite naît de la rencontre des opposés, leur séparation devrait la faire disparaître ?
- La séparation des opposés est leur union dans le sans-limite, dans l’infini. Certes, l’union totale de « l’un » avec le multiple, avec le réel, est la dissolution de la limite.
- Ne faudrait-il donc pas dire plutôt que, la naissance de la limite crée des opposés, et que sa disparition les unit ?

 

 

14.6. L’ABSENCE

- Pour que la limite soit, il faut deux opposés. Le « un » ou le multiple seuls sont l’absence de l’opposé, l’absence de limite et l’absurde. 
- Est-ce que l’absence de la limite équivaut à une limite transparente ? virtuelle?
- Sans doute. Une limite transparente, inexistante, l’absence de séparation sont l’union du réel avec « un ».
- Qu’est-ce que « l’union du réel avec un » ?
- Une super-limite ? Un concept ? Le concept du vide, peut-être.
- Ou, le vide ?

 

 

14.7. LE VIDE

- L’absence de limite est donc le « un » ou le multiple, seul.
- Or, ni le « un » ni le multiple n’est jamais seul, car opposé à l’autre.
- Oui. L’absence de limite est donc le « un » ou le multiple, seul ...


 

 

 

15.0. LA DUALITE

Le « un » est-il observable par lui-même ?

 

15.1. DE LA PERFECTION DE « L’UN »

- Jusqu’à présent, nous avons considéré une raison unie - un intérieur - dans un extérieur ; réel et multiple. Pourtant, dans le cas d’un défaut de réversibilité d’une raison non homogène, la situation est inversée (14.2. Note). C’est alors le multiple, l’irréversible, qui sont à l’intérieur d’une raison omniprésente, d’un « un ». Qu’en est-il, dans ce cas, de la limite ?
- Elle est toujours une zone d’inversion de fonctions, de tolérance et d’observation. 
- De quelle façon le « un » transforme son défaut - l’irréversible - en une raison réversible ? Comment le « un » se reproduit-il ?
- Etant concept, le « un » évite la création de sa réplique séparée de lui, et c’est pour cela qu’il engendre continuellement de la matière (10.2.). En outre, la perception d’une limite - une déformation de son « un » - lui indique que, de l’autre côté de la limite, il y a un opposé - l’irréversible - qui, en se développant, peut engendrer un autre concept, un autre « un ». Il tente alors de décomposer la limite, de l’analyser, de la rendre réversible ou, encore, compréhensible pour lui. S’il gagne la bataille, « l’irréversible » de la limite décomposée ou, encore, les déchets de ce combat l’agrandissent.

 

NOTES :

  • Le réversible est une matière première pour produire de l’irréversible.
  • Le « un » imparfait crée la pression sur ses limites, les convertit en réversible et grandit : il se reproduit en étendant son domaine (8.10.3.)
  • Le « un » réalise l’observation « à courte distance » ou, encore, « l’observation continue » (2.9.1.).
  • L’irréversible, un défaut de la raison est, localement, une mémoire. 
  • Le présent est créé par la destruction de la mémoire.

 

- En appliquant son concept de réalité « Réversibilité », la raison analyse l’irréversible (mémoire), le décompose et rend possible la synthèse future des éléments ainsi obtenus ou, autrement dit, elle crée le concept du futur.
- En d’autres mots encore, l’irréversible, traité par une raison, évoque son futur, s’approche de la réversibilité.
- Etrange constatation. Nous ne nous trompions donc pas dans nos « Pensées » dans le chapitre 12.2. ? L’état de « être » serait-il ce champ neutre qui, touchant un objet, crée son opposé, l’idée, la représentation ou encore, le concept de cet objet ? Le sens ? Le rend intelligible ?
- Sans doute. A présent, nous dirions cela un peu autrement : pour que l’évocation de l’opposé soit, il faut que l’absurde - connaissance ou ignorance relatives - soit accompagné d’une raison ou encore, d’un champ - réversible.
- Ou, encore, pour que les concepts du passé et du futur d’un objet soient créés, il faut un présent. Or, si le passé et le futur obtiennent la réversibilité, ils deviennent « une » raison, un nouveau présent. Et ce nouveau présent, observant l’objet, créera des nouveaux passé et futur qui, devenant réversibles, produiront un présent, encore un.
- Donc, pour que la « pyramide » de l’observation se réalise, il faut, au départ, un objet « et » une raison.
- Or, « un objet » et « une raison » sont deux opposés, donc sont un « un ».

 

 

15.2. ANTHROPOS

- Du point de vue anthropocentrique, l’homme seul dispose de la raison, donc c’est lui seul qui a le privilège de créer les concepts de séparation et d’union, le jugement ou encore, le champ « dualiste ». En conséquence, pour celui qui adopte ce type de pensée, pour le « un », le monde extérieur, aussi bien 
« animé » que « inanimé », ne génère pas de la raison, donc ne « dualise » pas ; est vide.
- Certes, le passé et le futur, l’intérieur et l’extérieur, le bien et le mal, le 
« moi » et les autres, sont des concepts ; en dehors de notre présent, ils ne sont pas. Le couple, le duel, sont créés par le champ de raison généré par l’observateur : avec la disparition de ce dernier, le champ et ses créations conceptuelles s’évanouissent, eux aussi. L’on pourrait donc dire que, purement subjectives, elles ne décrivent pas ce qu’est le réel. 
- D’accord ; un concept n’est prouvable que par sa réalisation - jamais comme tel. Néanmoins, pour l’observateur, le « duel » est « pratique » : il lui permet d’observer et de « être ».

 

 

15.3. DEUX PHASES DE L’OBSERVATION

- Dans ce contexte, il est évident que le principe de l’observation en deux phases - séparation et union - le canon de notre « quête », n’est rien d’autre qu’un couple de concepts opposés, une dualité résultant de l’application de notre champ de raison. 
- Sans doute. Mais à quoi ce champ est-il appliqué ?
- Bonne question. Au réel ? Au vide ? A nous-mêmes ?
- Qu’importe, à un objet.
- Alors, le champ de raison serait, donc, un champ d’observation ?

 

 

15.4. LA SYMETRIE

- En fait, la raison ne supporte pas l’asymétrie.
- C’est exactement cela. Se heurtant contre l’irréversible, elle le complète d’un « irréversible opposé », le rendant ainsi réversible, symétrique ; comme elle. En quelque sorte, la raison rebondit sur l’obstacle et la partie déviée devient « l’opposé virtuel ».
- Bien que « l’irréversible complété » ne soit pas, la raison traite le couple qui naît comme si c’était un couple d’opposés réversibles.
- Au début, cet « irréversible complété » est un concept, « un désir » formé de la matière réversible de la raison ; alors que ce concept réalisé devient un opposé, un « vrai ». 

 

NOTES :

La raison réalise le concept d’égalité. Alors que l’irréversible préfère l’inégalité.

Si la raison, au lieu de « rebondir », pénètre dans l’objet ou le traverse, la symétrie n’est pas créée.

 

 

15.5. LE DEUX

- Toujours est-il que le champ d’observation de la raison observe d’abord 
« un » objet.
- C’est-à-dire que la raison - l’expression de « un » - rencontre un autre
« un ». 
- Oui. Et c’est afin d’éviter la présence de deux « un », qu’elle transforme le « un » observé en « deux », en multiple.


NOTES :

  • Le champ de raison modifie l’objet de son observation, le divise, crée le multiple.
  • La division fait apparaître la « dualité ».
  • Les deux éléments de la dualité résident dans le monde de dimension « plus un ». Repliés sur eux-mêmes, ils forment un autre « un ». (Annexe A1.)
  • Le passage d’un état de « un » à, un autre état de « un », se fait par le duel, à travers un monde à dimension supérieure.

 

PENSEES :

- Le « un » n’est pas observable par un observateur extérieur car il est une raison, un concept. Mais, est-il observable par lui-même ?
- L’observateur - raison - peut se faire « une idée » de ce qu’est son « un ». Observant la dualité et « sachant » que, peut-être, elle n’est que sa création, il peut « moduler » la « force » de sa raison tout en observant les modifications de l’objet que cela produit.
- Certes, il peut se faire « une idée » : ce sera toujours une représentation, une pensée ; jamais le réel.
- Sauf s’il abandonne l’idée de « connaître » l’état de « être » et simplement pénètre dans le présent.

 

 

15.6. LE TEMPS

- Puisque la raison - réversible - oscille entre ses limites, elle n’est jamais simultanément à l’une « et » à l’autre. C’est l’une « ou » l’autre limite, c’est la succession des états : c’est donc, le temps.
- Oui. Le concept de temps exprime cette exclusion ou la séparation des états. Se plaçant dans le présent, la raison voit ses limites comme le passé et le 
futur : « J’étais à la limite passé et maintenant j’irai voir la limite futur. »
- Bien sûr, la perfection de la raison est atteinte quand les limites sont 
« égalisées », quand la prévision est confirmée : c’est la réversibilité.
- Donc, le concept du temps est, essentiellement, la fonction « ou ».
- Alors que le temps nul, le présent, est la relation « et ».
- Mais, « et » quoi ? Quelles sont les deux composantes impliquées ?
- Les deux limites.

- Donc, dans le présent, la réversibilité est parfaite, la compréhension instantanée, les limites sont « un », une raison parfaite.
- Pendant qu’une non confirmation de la limite, son clivage ou encore, la séparation de « l’un », crée du temps, naît le concept de « aller » vérifier la limite.
- En effet, la pensée qui cherche une solution, qui essaye de rendre une limite réversible ou encore, compréhensible, expérimente le temps, l’incertitude et le duel.
- Oui. Le concept du temps exprime la recherche, par la raison imparfaite, d’une solution.
- La solution de l’énigme du « duel » qu’elle observe.
- Qui ne peut être que l’état d’union des limites dans le présent. Dans le présent peut-être plus large, que celui d’avant la recherche.