12.0. ETRE

 

  • L’instant et l’ici, le présent, la certitude d’être, sont un concept qui, lui, ne peut être créé que par ce qui existe, par ce qui n’est pas certain. 
  • L’existence n’a pas de certitude - mais son incertitude transcendée, crée le concept, une certitude d’être.
  • C’est de la répétition de l’état de « être », qu’émerge le concept du« moi ».
  • Le concept de « être », et la matière qui le crée, sont les observateurs opposés unis par la transcendance réciproque.

 

« Je suis » tant que mon corps poursuit son rythme d’existence. 
Mon corps n’est pas tant que je suis.
  
Si « je ne suis pas », je suis un corps, une connaissance. 
Dans cet état, je crée, donc, un autre « je suis », 
dont je n’ai pas conscience.

 

  • L’incertain se reproduit car il est incertain de son temps et de son espace.
  • Le rythme de reproduction, l’existence, le doute, font émerger le concept de « être », dont ce qui se reproduit n’a pas de conscience. 
  • Le certain, celui qui naît de la reproduction, n’a pas besoin de se reproduire car il sait : il est un « éternel », parfait. Il ne crée pas un « je suis » supérieur car il l’est.
  • L’état de « être » parfait, le concept sûr, sont le temps non-séparé, un instant.

 

  • Si le concept de « être » prend conscience de la matière-corps qui le crée, son état de « un » se dégrade : divisé en « être » et corps, il n’est plus 
    « un ».
  • Le « être » parfait est totalement séparé de sa connaissance. Il est « un », énergie, absurde, abstrait, subjectivité, ignorance purs. 

 

  • L’esprit n’a pas de corps.

 

Je meurs quand mon corps dit : Je suis.

 

 


12.1. ANALYSE - SYNTHESE

L’analyse du concept de « être » le détruit, le rend connaissable ou, encore, le transforme en connaissance ou en matière. Or, cette connaissance, toujours incertaine, unissant les nouveaux éléments produits par l’analyse, crée son propre concept de « être ». Certes, ce concept est différent de l’autre mais, de nouveau, il « est ». 
Les modifications, les interruptions de l’état de « être », surtout répétitives, initialisent le processus de reproduction, font naître un nouvel état d’existence, engendrent un nouvel état de « être » ; une nouvelle conscience.

- Comment naît le concept de « être » ? 
- C’est le processus de synthèse, d’union, d’assemblage des éléments, qui crée le concept de « un » : l’état de certitude que « ils » font « un », qu’ils « me » font : l’impression d’être, le plaisir d’avoir un lieu et un instant - un présent ( Deuxième Partie - Méditation ). Or, ce qui produit cet état, une matière, n’est pas « une », n’est pas certaine.
- Mais... Vous dites que c’est la synthèse qui produit de la matière ? et non pas un concept ?
- D’accord. La synthèse produit la matière qui, elle, engendre le concept.

 

PENSEES :

  • Ce n’est que quand l’inexistant, grâce au processus de synthèse, devient, qu’un nouvel état de « être » naît.
  • Pour être, il faut continuellement se détruire et devenir, se disperser et se réaliser, s’anéantir et se matérialiser (8.7.5.).
  • L’alternance des états de certitude et d’incertitude, des états de « un » et de multiple, génère la conscience.

« Etre » est concept.  « Ne pas être » - connaissance.

Une certitude ou une incertitude ? Un concept ou une connaissance ? Etre ou ne pas être, sont les questions qui expriment la position de l’existence : l’incertitude entre ces deux états, dont alternance la crée.

 

NOTES :

  • Le rythme de la reproduction est donc existence et matière. L’irrégularité du rythme - une imperfection - est son incertitude, une nouvelle dimension, la naissance d’un nouveau rythme : énergie ou concept.
  • En effet, toute connaissance et tout concept, étant imparfaits, peuvent être séparés en connaissance et concept.

 

 


12.2. LA PENSEE

Le concept de « être » est un état - temps et lieu - créé par les éléments d’une connaissance en état d’union. Et puisqu’il est l’effet de transcendance de cet état d’union-plaisir, les éléments de la connaissance et le concept produit n’ont pas conscience de leurs présences réciproques. Il en résulte que le concept d’être « un », par rapport à « sa » connaissance, est l’émergence d’une pure abstraction, vide, pour elle, d’un sens quelconque. 
Dépourvu de subjectivité, l’état de « être » est ignorance, absence et énergie. Etant un concept presque parfait, il est irréalisable, incompréhensible. Sa seule imperfection est d’être créé. 

Or, l’imperfection montre la voie de transcendance possible (Annexe A1.1.2.). Dans le cas du concept de « être », sa nouvelle dimension ne peut être qu’une matière, une connaissance. 
L’ignorance de l’état de « être » se réalise en créant de la matière-pensée. En effet, l’absence, le « un », afin de rester « un » concept, évitent leur reproduction (10.2.), détruisent tout autre concept qui pourrait devenir leur double, et amorcent ainsi l’état de l’existence.

L’état de « être » est accompagné d’émergences de la pensée-matière, de la connaissance et de l’ordre. Ou, inversement, l’apparition de la matière témoigne de la présence de l’état de « être ».

 

PENSEES :

  • « Etre » est un état sans pensée.
  • La pensée résulte de la réalisation du concept de « être », elle est la matière-connaissance créée par cet état.
  • Sans l’état de « être », il n’y a pas de pensée.
  • La génération de la pensée maintient l’état de « être ». Mais aussi, elle dégrade la perfection du concept de « un » de cet état.

 

  • La pensée - une connaissance incertaine - pense et crée le concept - état de « être ». Cependant, elle n’a pas la conscience de cet état.
  • La pensée et l’état de « être » sont un couple d’observateurs de caractères opposés. Leur transmutation crée la conscience de soi.

 

  • La conscience de soi est : être et penser.
  • L’état sans pensée est « être », l’absence de la conscience de soi.
  • L’ignorance de l’état de « être » : Voulant rester « un », il engendre son opposé qui le détruit.

O Etre ! Reproduis-toi ! Crée de la matière ! Tu seras éternel ! 


La pensée est donc une matière résultant de la réalisation de l’état de 
« être ». Etant, essentiellement, dispersion et incertitude, observant, elle se réalise, réunit des concepts et la matière ; crée de la connaissance. Pour sa part, la connaissance créée par la pensée, observant, entre en état d’union et évoque la pensée qui, elle, engendre l’état de « être » ; des certitudes, des idées. 
Or, ni la conceptualisation ni la réalisation n’étant jamais parfaite - la connaissance et la pensée, soumises à l’observation réciproque, se renouvellent et se perfectionnent continuellement. Corrigeant ou développant des imperfections, abandonnant des voies sans issue ou poursuivant de nouvelles dimensions qui émergent, leur « symbiose » en quête de la perfection n’a pas de limites.

 

PENSEES :
- Mais pourquoi cette poussée vers le concret, vers la matière et la connaissance ? 
- Bien sûr pour remonter vers l’état de « être » le plus parfait possible, vers l’abstraction parfaite. Qui, elle...

- Mais pourquoi cette poussée vers l’abstrait, vers l’énergie ? 
- Bien sûr pour descendre vers l’état de « ne pas être » le plus parfait possible, vers la connaissance parfaite. Qui, elle...

 

 

 

12.3. LE SENS

- Qui, elle, l’état de « ne pas être », est matière et incertitude. 

NOTE :

  • La connaissance ou la pensée seules sont l’absence de sens, l’absurde, le vide. C’est l’observation réciproque de la connaissance et de la pensée, la conscience, qui, localement, produisent le « sens », la signification ou, encore, la « valeur ».


La connaissance est un lieu-et-temps, ou un espace-pensée, composé d’éléments séparés en état de communication, créé par le concept d’être. 

La connaissance, le « non-être », le « non-un », le multiple, sont la réalité, l’observable, le concret, le sens et l’incertitude. Puisque l’effet de transcendance de l’état de « être », elle - la connaissance - et le concept-pensée qui la produit, n’ont pas conscience de leurs présences réciproques. 

Subjective, née du « vide », la connaissance est matière, présence, valeur, qualité et sens. Une réalisation imparfaite - elle est séparable, divisible, conceptuable.

La connaissance, le « multiple », le « ne pas être » se reproduisent et, par ce fait, engendrent le concept de « un », créent l’énergie, le certain, l’absurde et l’absence.

 

NOTES :

  • Pour annihiler un concept, il faut analyser, séparer la connaissance qui l’engendre.
  • Pour créer un concept, il faut unir le multiple, former une connaissance.
  • Or, c’est le concept commun qui unit le multiple.

 

 


12.4. L’EXTASE

Quand le multiple - matière, connaissance et corps - dépasse l’état de communication, quand son dialogue intérieur devient l’accord - union - , il devient « un », un concept ; il entre en état d’extase. Or, quand le multiple atteint cet état, état de « être », il n’engendre plus d’état de « être » car il l’est ; sûr et parfait - « un concept réalisé en matière » : une matière en état d’énergie ( 2.2.3. ). 

 

PENSEES :
Si la connaissance-corps est un concept, le « un », quelle est la connaissance qui l’engendre ?
Y a-t-il un antimonde où l’état de « un » est une matière ? Un monde où le multiple est concept ? Mais bien sûr. C’est le monde où règne l’observation, où la matière unie, se divisant, crée concept, dispersion, ignorance et énergie. Où le concept incertain, séparé, se réalisant, devient matière, certaine, « une ». 
Cette matière, un corps parfait, est-elle un concept parfait, totalement séparé de la connaissance qui l’a créé ? Un « un » libre, non lié, détaché de la matière ? L’esprit ? La matière, connaissance parfaite, est donc l’état de 
« être » ? L’esprit a donc un corps ?
Est-ce l’état de sagesse ? L’état dans lequel le corps se transforme en concept et puis, le concept qui devient le corps ?

 

NOTE :

  • Il est imprudent, dans ce genre de méditations, de se fixer sur ce qu’est la matière, l’ignorance ou, encore, « l’esprit ». L’état de l’objet que l’observateur assigne à l’objet de son observation dépend de l’état de l’observateur : de son pouvoir de séparation et d’union (Annexe A2.3.1. et A2.3.2.2.). Certes, notre matière et notre ignorance forment, localement, un couple-cerveau en état d’union. Mais, par rapport aux autres couples-cerveaux ou aux autres matières et ignorances qui lisent ces pages, « notre couple » est-il aussi uni ? 


En effet, ce n’est que si son état d’union n’est pas parfait, que le multiple-corps engendre l’état de « être ». Alors qu’à la perfection de l’union, « en extase » du multiple, l’état de « être » se déplace, le « être » abstrait devient concret, le concept devient matière.

Dans cet état, l’ensemble de la matière, se comportant comme un concept, voulant donc rester ce qu’elle est, crée son opposé : sa pensée en ce moment de l’extase, le « multiple un ». Or, la production du multiple à partir de 
« l’un » est sa division et sa destruction. La création de la pensée, par un corps en état d’extase, ne dure qu’un instant.







NOTE :

  • La connaissance se reproduit « horizontalement ». Transcendée, elle crée « UN » vertical :




 


 

 


13.0. FONCTIONS  OU  et  ET


  • « Etre » ou « Ne pas être », esprit ou matière, concept ou connaissance sont exclusion, séparation et la perfection des états.

  • « Etre » et « Ne pas être », subjectif et objectif, sont union.

 

  • « Ou » engendre la séparation, la souffrance et la pensée.

  • « Et » mène à l’union, au plaisir et à la matière.

 

  • « Et » est double, couple, reproduction et existence.

  • « Ou » est unique, singulier et absence.

 

  • « Et » crée « Ne pas être ».

  • « Ou » est « Etre ».

 

  • « Et » tolère, produit le complexe.

  • « Ou » exclut, purifie, sépare et détruit.

 

  • « Et », incertain, est connaissance.

  • « Ou », sûr, est ignorance, concept et énergie.

 

  • Les deux tendances, vers « Et » et vers « Ou », seules, parfaites, sont l’absurde. Chacune ayant son origine dans son opposée, aucune d’elles n’est jamais parfaite. (9.3.)

 

 



13.1. ETAT PUR

- Quelle est la limite entre « Ou » et « Et » ? Quand les états de séparation et d’union sont égaux ? Qu’est-ce que « Ou » et « Et » ou, encore, 
ni « Ou » ni « Et » ?
- C’est dans des états purs, de matière et d’énergie, qu’ils sont en égalité.

- Qu’est-ce qu’un état pur ?
- C’est l’état juste avant que l’on énonce les concepts de matière et d’énergie, juste avant que l’on sépare et unit, que l’on observe.

 

 


13.2. LA RAISON PARFAITE

- Qu’est-ce que donc qu’un état pur ?

- Ils sont deux, matière et énergie pures (2.2.). Ce sont des états qui, localement, ne peuvent plus être approfondis. Un état pur ne peut évoluer que vers l’état opposé. 
Les états purs sont si équivalents dans leur opposition qu’ils font, dans la perfection, « un ». L’état de « un », un concept, fait leur limite. Unis, en couple, ils créent un état les transcendant : séparés, ils sont connaissance et énergie pures.
En d’autres termes, le couple des états purs représente le cas d’une réversibilité parfaite de la connaissance et de l’ignorance. Autant de certitude que d’incertitude, autant d’énergie que de matière ou, encore, autant de synthèse que d’analyse. Le couple des états purs est une raison parfaite.
- A l’intérieur de l’état de couple sont-ils liés par la fonction « ET » ou par la relation « OU » ? Sont-ils coexistant : matière « ET » énergie, ou mutent-ils l’un en l’autre, c’est-à-dire : matière « OU » énergie ? Peut-on observer leur état d’union ?

- Observer ce qui est en union, c’est détruire cet état, c’est observer nos propres concepts. 
- Observons-les donc :
La matière pure, étant une connaissance extrême, désire se reproduire, elle entame donc l’observation par la phase de conceptualisation. Et puisque parfaite, lors de cette phase, elle se transforme totalement en concept - le concept aussi parfait qu’elle l’était. Ensuite, étant concept, pour rester ce qu’il est, le concept engendre la matière - aussi parfaite que lui. Certes, dans ce monde des extrêmes, c’est la fonction « OU » qui règne.


- Votre scénario suggère que le couple des états purs se renouvelle incessamment et que, en fait, il n’y a jamais présence de deux états purs simultanément.
- Oui. C’est l’un ou l’autre. Cependant, lors de la conversion, ils passent par un état intermédiaire - l’égalité de leurs certitudes et incertitudes où ils sont liés par la relation « ET ». En effet, dans ce cas, les fonctions « ET » et 
« OU » sont ses limites respectives.

- Une autre hypothèse consisterait à dire que la boucle d’états purs est l’exemple d’une reproduction de la raison ou, autrement dit, d’une vérification de la réversibilité de ses états. 
- Oui. La reproduction ne peut être qu’une vérification des états limites, donc leur conceptualisation et leur réalisation, donc leur répétition.

- En effet, cet étrange état de couple a ses limites. 
- Lesquelles ?

- Puisqu’une répétition, cet état est confiné dans le temps et l’espace imparfaits, non nuls.
- Il en résulte que la pureté des états est aussi limitée.

- Certes, l’on peut concevoir un objet sans limites : 
un point infiniment dense et occupant un espace nul qui, dans un temps nul, se transforme en un espace infiniment grand et vide, mais ...
- Un point, une matière parfaite ; n’est-ce pas un concept parfait ? Parfaitement irréalisable ?

- Qui, pour rester « un », éternellement, engendre de la matière, ses répliques limitées, seules réalisables, imparfaites. Car, vu ce qu’il est, que peut-il engendrer d’autre que du multiple imparfait ? (10.3. Pensées)
- D’accord. Cependant, juste après sa conception, ou plutôt, à l’instant même de « être », sa première réalisation, sa première réplique - matière - son double imparfait, opposé, devrait être « un ». Le multiple ne vient qu’après : les répliques de répliques.

- Cette remarque n’est valable que s’il a été conçu. 
- Conçu ? Par qui ? 

- Mais, par un espace infiniment grand, vide qui, en un instant, dans un temps nul, se transforme en un point infiniment dense et occupant un espace nul.