1.2. LA LIMITE

Le scénario de la division d’une Cara-matière, dans notre expérience de pensée, pourrait se dérouler de la manière suivante :

1.2.1. LE PARTAGE
Au départ, gouvernée par le Concept de Réalité qui proclame l’égalité de l’extérieur et de l’intérieur, Cara demeure en état de conflit d’opposition de ce concept et de la réalité observée - elle est séparée du vide. 
Afin de réduire le conflit, elle implante l’expérience de l’inégalité observée à la place de la limite qui la construit. Or, la seule forme d’implantation possible est le concept. En conséquence, elle convertit l’expérience de l’observation en concept de la réalité observée.

 

PENSEES :

  • Le concept est l’imposition d’une limite à l’illimité.
  • Le Concept de Réalité est la limite de l’observateur.
  • La limite est la mémoire de l’accomplissement d’un acte de conception.
  • L’évocation du limité par l’illimité est la création de la matière.
  • Le concept est l’évocation de l’illimité par ce qui est limité.

 

1.2.2. LA LIMITE COMPOSEE ( suite du scénario )
Cela dit, l’expérience d’observation de l’inégalité sous forme de concept, donc de limite, est introduite dans la limite-concept d’Egalité de base. En fait, Cara transpose une partie du réel-vérité, observée grâce au conflit-dualité, dans ses propres limites qui, en conséquence, changent.

La modification de la limite transforme le concept de base, le Concept de Réalité, transforme Cara-matière. Elle mute, son Concept de Réalité devient imparfait, la barrière entre l’intérieur et l’extérieur devient moins évidente, moins catégorique. La limite de Cara perd sa perfection, elle devient composée. 
La transposition dans la limite du réel observé, sous la forme de conflit d’observation, est le processus de construction de l’individu. 



1.2.3. VERS L’ENERGIE
En s’éloignant du centre originel de partage primaire, les limites résultant des transpositions successives sont de moins en moins accentuées, elles s’effacent, pour, après avoir réalisé un nombre infiniment grand d’observations, atteindre l’infini. Or, l’extension de la limite jusqu’à l’infini est la conversion de Cara-matière en Cara-énergie.
L’implantation totale de la vision (du concept) du réel observé dans la limite, la fusion du Concept d’Egalité avec l’expérience, la réalisation de l’égalité, est un Concept Parfait de l’Inégalité de l’observateur et du réel observé, est l’annihilation de la limite.

C’est la non-identification totale de la limite avec ce qui est observé, le conflit infini d’un observateur sans limites qui pourtant observe, qui cherche une résistance - c’est l’énergie.



1.2.4. LA CONSCIENCE
Pour un observateur gouverné par le Concept d’Egalité, l’observation séparée, soit de son intérieur, soit de l’extérieur, vérifie parfaitement ce concept car, aussi bien l’un que l’autre domaine sont monoconceptuels. 
Par contre, l’observation simultanée de l’intérieur et de l’extérieur, l’observation de la limite, lui montre l’inégalité. En effet, l’observation de la limite permet de discerner la vérité qui est introuvable à l’intérieur ou à l’extérieur seul.

Or, l’observation de l’inégalité par Cara-matière gérée par le Concept d’Egalité Parfaite n’est pas possible, car elle est totalement séparée par la limite parfaite. De même, Cara-énergie Parfaite n’observera jamais d’égalité car, dans ce cas, tout est observateur ; il n’y a donc pas d’objet à observer.

Le Concept de Réalité Parfait, sans défaut ou exclusif, ne crée pas le besoin de son amélioration et l’observation n’a pas lieu.

Pour que l’observation soit, il faut que le Concept de Réalité de l’observateur soit composé, il faut qu’il y ait une limite.

C’est ainsi que l’impureté du Concept de Réalité devient le germe permettant l’observation (0.1.4.) et, par la suite, la mutation de ce concept. En dernière analyse, c’est le germe qui observe, c’est lui qui a conscience du conflit.
La limite-conflit, ou encore la différence entre deux concepts détermine : ceci est l’intérieur et cela est l’extérieur - la limite est l’observateur-conscience.
La conscience est un état de conflit des Concepts d’Egalité et d’Inégalité et, en fonction de la domination de l’un ou l’autre concept, elle prend un caractère matériel ou énergétique.



1.2.5. PERFECTION - expérience de pensée
Imaginons une Cara composée de matière unie, homogène et immobile.
Une telle pensée - une Cara immobile -, au moment même de sa conception au sein de la conscience de son créateur, évoque le concept d’une Cara totalement différente, non homogène et étant dans un mouvement infiniment rapide.

Surgit alors, dans notre esprit, le concept d’une Cara Parfaite - à la fois immobilité et mouvement, matière et énergie, union et séparation. Grâce à la perfection de l’état d’union et de séparation de ses éléments, sa mémoire est à la fois infiniment grande et nulle. 



1.2.6. L’OBSERVATION
Cara Parfaite et non troublée par une perturbation extérieure est à la fois matière et énergie, intérieur et extérieur et, comme telle, elle n’est pas observable et elle n’observe pas, elle non plus (1). Cependant, une perturbation de cet état, par un observateur « extérieur », est pour elle un apport, ou un prélèvement, de matière ou d’énergie ; et cela équivaut à son observation. 

En réponse à la perturbation, afin de conserver sa non-observabilité, Cara Parfaite matérialise le conflit ou, encore, prend conscience du conflit : apparaît la limite - elle commence à observer.
L’observation est la création d’une limite, car la limite permet d’identifier l’agent-objet extérieur perturbant et de répondre à sa présence.
C’est ainsi que, pour protéger sa perfection et empêcher le prélèvement des informations concernant la structure de sa mémoire illimitée, Cara Parfaite devient observateur. 
En effet, pour qu’un objet soit observable il faut qu’il soit imparfait, qu’il possède une mémoire.

 

PENSEE :

  • Puisqu’elle est parfaite, sans limites, l’observateur « extérieur » qui la perturbe est-il à « l’intérieur » d’elle ?

 


(1) Bien sûr, toute perfection n’est que locale.

 

 


1.2.7. LA MEMOIRE
La mémoire est l’imperfection du concept. Elle résulte de la nécessité de conserver un germe de l’état antérieur pour pouvoir le reproduire. La mémoire est l’assurance, la garantie que si on s’aventure trop loin - il y aura une voie de retour. Elle est le moyen permettant ce retour. 

C’est elle qui permet à un objet imparfait, séparé, de changer d’état et, grâce au changement, peut-être, de réduire son imperfection. Mais, c’est aussi elle, la présence du passé, qui empêche la pureté de l’union dans le nouvel état. C’est elle - l’imperfection qui retarde l’arrivée de la perfection.

La mémoire, ou le passé, informe sur ce qu’est l’autre état, évoque le futur qui, lui, réalisé, devient le passé. La boucle des états, boucle de la matière et de l’énergie, boucle d’observation et de correction de l’imperfection, est la voie de la perfection. La mémoire - un rappel de l’imperfection.

 

NOTES :

  • Le concept parfait est l’évocation parfaite ou la réversibilité des états opposés, alors que l’irréversibilité est une évocation imparfaite causée par la limitation-mémoire. ( 0.1.4.)
  • Ce qui n’a pas de limite, une Cara Parfaite sans mémoire, est réversible. 
  • La formation de la mémoire mène à la réduction de l’évocation et à l’irréversibilité des états.
  • Le Concept de Réalité d’une Cara Parfaite est à la fois Egalité et Inégalité. 

 

 

1.3. INTERIEUR - EXTERIEUR

1.3.1. Habituellement, l’on considère que c’est l’intérieur de l’individu qui observe l’extérieur. L’intérieur est identifié avec ce qui forme une unité locale de la connaissance réalisée et qui, par ce fait, est séparé de son environnement ou milieu, vu comme l’extérieur. En d’autres termes, l’individu - intérieur, matière et connaissance sont séparés de son milieu - extérieur, énergie et ignorance.

Cependant, dans une réalité multiple, il est difficile d’établir la limite exacte entre ces deux domaines d’observation. En effet, pour qu’un observateur composé puisse observer, il faut qu’une suite d’observations intermédiaires soit réalisée et cela, dans l’un et l’autre domaine.
L’observateur complexe est créé et conditionné par l’activité d’autres observateurs dont il est constitué ; en conséquence, son observation ne permet pas l’établissement d’une limite-jugement nette entre son intérieur et son extérieur.

La complexification de la structure, l’assemblage-union des observateurs hiérarchisés, réduisent la dureté de la limite globale, rendent flou l’arbitrage : ceci est intérieur et cela extérieur. (1.2.2.)

Par contre, la limite d’un observateur élémentaire ( qu’est une Cara de notre expérience de pensée ) est ferme, car elle n’est pas composée d’observateurs intermédiaires. Dans le cas d’une Cara-matière, un observateur qui réalise le Concept d’Egalité entre l’intérieur et l’extérieur, c’est la création même du Concept d’Egalité qui produit la limite qui, elle, évoque les opposés : intérieur et extérieur.

En effet, le Concept d’Egalité affirme qu’il y a une limite-mémoire, mais qu’il faut agir « comme si » cela n’était pas vrai. Et l’action, en conséquence, conduit à la destruction de cette affirmation, donc à la destruction de la limitation.



1.3.2. LE MASQUE
Afin de satisfaire le concept interdisant l’observation d’un autre paysage que celui de l’égalité, Cara-matière observe l’inégalité « comme si » c’était l’égalité, elle se réfère à l’égalité. Le concept est un masque, une limite imposée à ce qui est illimité. (1.2.1)
En superposant le masque de concept de référence, le masque de connaissance possédée ( égalité ) sur l’extérieur, elle l’inhibe et crée son propre « extérieur ». 

En effet, Cara-matière s’identifie avec l’intérieur et le projette sur l’extérieur et, en conséquence, l’extérieur « comme il est » reste pour elle inaccessible et méconnaissable. Elle demeure enfermée dans son propre monde d’identité.
Ce processus est la transposition de l’intérieur, interprété comme une unité locale de la connaissance, sur l’extérieur inconnu ( ab intra ad extra ). La transposition est faite afin de rendre les deux domaines égaux et, grâce à cela, d’annuler la séparation produite par la création du Concept d’Egalité.

En fait, tout en conservant le concept de limite, de dualité, de partage en intérieur et extérieur, un tel observateur cesse d’observer le réel. Il soumet l’action au concept de référence et s’efforce d’observer un seul paysage partout : celui de son intérieur.
Le masque, ou encore, le Concept de Réalité, est un champ de simulation « comme si c’était l’intérieur » projeté sur l’extérieur ; il est l’expression du concept-modèle de référence. Etant une évocation de l’intérieur-connaissance, le Concept de Réalité est son opposition et, comme tel, il est ignorance-énergie.

En effet, c’est la connaissance créée par la division en intérieur et extérieur, c’est la limite qui évoque son opposition : l’illimité. Une identification parfaite avec l’intérieur, ou encore, la limite parfaite, produit le concept opposé allant jusqu’à l’infini de l’extérieur. Le Concept de Réalité d’une Cara-matière, d’une connaissance infiniment concentrée, est dispersé et s’étend à l’infini.
Ainsi, l’extérieur couvert d’un masque est traité par l’intérieur comme un terrain contrôlé et faisant partie de lui. Dans cette situation, toute perturbation du masque « comme si » par une activité de la part de l’extérieur « comme il est » est considérée comme une agression, comme une tentative d’observation-destruction de l’intérieur-référence qui maintient le Concept d’Egalité-union et est, en conséquence, rejetée.



1.3.3. LA REFERENCE
L’identité de l’observateur et le caractère de son observation sous-jacente sont inhérents au concept accompli, à la mémoire de l’expérience, à la connaissance réalisée. Le Concept de Réalité est l’évocation d’un état antérieur qui a déjà été réalisé. Il exprime la volonté de répéter l’expérience réalisée dans le passé, laquelle est en conflit avec l’observation dans le présent. (1.2.7.)

La réalisation d’un concept produit donc de la matière. Or, au moment même de l’accomplissement du concept, la matière qui vient d’être créée ne produit aucune évocation, car la réalisation est encore « présente » et parfaite, elle n’est pas encore une référence. L’évocation, la pensée, commencent avec « le vieillissement » de la perfection, avec la perte du présent par cet accomplissement - quand l’observation le contredit.

Le concept qui a été réalisé devient la mémoire, la matière et la référence. Alors que la lecture-observation de son contenu, l’évocation de « l’autre état déjà réalisé », rendent possible une nouvelle réalisation-adaptation à l’observation présente. Mais ce concept, lui aussi, a été évoqué par une autre réalisation, encore plus antérieure, et ainsi de suite. Chaque référence se rapporte à une autre référence.
Aussi bien l’évocation d’un concept, que la réalisation qui l’a produite ne sont jamais parfaites ; en effet, le concept de référence n’est jamais exclusif, parfait.



1.3.4. L’IMPERFECTION - GERME
Le Concept d’Inégalité imparfaite sous-entend l’existence d’au moins deux éléments, alors que le Concept d’Inégalité parfaite requiert la présence d’un seul élément.
Or, l’élément « un », l’Inégalité parfaite, pour que son inégalité puisse se réaliser, évoque un autre élément - sa référence. Il en résulte que le premier élément « un » doit être composé, et que l’évocation du deuxième élément n’est qu’un rappel de cet état composé.
Par exemple, une immobilité évoque la mobilité pour pouvoir se réaliser, se relativiser ou se confirmer (1.2.5.) ; elle contient donc en elle, afin d’évoquer, de la mobilité. De même, un observateur gouverné par le Concept d’Inégalité, une Cara-énergie, contient en elle la mémoire de son état d’origine, de l’état d’égalité infinie.

La mémoire de l’autre état de perfection, l’imperfection de l’état actuel, est le germe de l’état opposé et, comme telle, elle est sa limite. (1.2.7.)



1.3.5. LA MATIERE A L’INTERIEUR DE L’ENERGIE
Un domaine composé de multiples individus gouvernés par différents Concepts de Réalité est, pour chacun de ces individus, son milieu - où règne l’inégalité.
Dans le milieu de l’inégalité et de l’énergie, un de ses éléments, une Cara-matière - la limite de ce milieu -, est le fruit de l’observation, le résultat de la confrontation entre les éléments-observateurs inégaux. Elle est l’image-concept parfaitement opposée de son créateur car, quand lui réalisait l’inégalité, elle, en lui s’opposant, réalisait l’égalité.

En effet, la réalisation, par un observateur, du Concept d’Inégalité produit à l’intérieur de lui un autre observateur de caractère opposé qui, lui, au niveau de son identité-matière, est une manifestation de l’égalité. Il est un germe-limite contenu dans le corps de l’autre observateur, son créateur. (1.2.4.) (1.2.6.)
Une Cara-matière, demeurant dans un milieu de l’inégalité, est son germe d’égalité, est un observateur qui vient d’un autre monde, qui résulte d’un autre état de perfection qu’il a réalisé. 
Dans l’hostile milieu d’inégalité, Cara-matière est témoin du passé. 
Le milieu - multiconceptuel et, le germe - spécifique, étrangers l’un à l’autre, s’observent.



1.3.6. MATIERE ET ENERGIE : L’OBSERVATION RECIPROQUE
Une Cara-matière ne peut observer-modifier que l’extérieur, car son intérieur a atteint la perfection et ne peut plus être modifié sans une action venant de l’extérieur. En conséquence, elle développe son Concept de Réalité (égalité) par une action dirigée vers l’extérieur (1.3.2.) en voulant le rendre égal à son intérieur ou, encore, convertir l’extérieur en intérieur. ( figure 5 hors-texte )
D’un autre côté, l’autre observateur, le milieu ou Cara-énergie (extérieur pour Cara-matière), observe Cara-matière comme un objet « extérieur » se trouvant à l’intérieur de lui-même et son activité considère comme ses propres mouvements.



1.3.7. LA REALISATION DU CONCEPT D’EGALITE
Puisque le milieu d’inégalité parfait, ou encore l’absence de répétition d’un concept ou d’une matière, est équivalent au vide, le développement du Concept d’Egalité, dans ce milieu, devrait suivre les mêmes étapes que celles décrites dans le chapitre 1.1. pour une Cara-matière dans le vide. Ce processus est essentiellement évocation - séparation et, attirance - union.

Lors de la séparation, les fragments de l’individu-limite se déplacent vers l’extérieur qui est « vide d’individu », qui n’a pas de limites et qui, en conséquence, acquiert un nouveau mouvement, une partie de l’individu en division.
La division de l’individu-limite et, ensuite, la séparation des éléments, signifie le partage de la référence possédée avec l’extérieur. Elle est l’extension de la connaissance, est donc la conceptualisation de cet extérieur.

D’autre part, l’individu-limite, par le fait de se diviser, absorbe une partie de l’extérieur vide d’identité et devient, en conséquence, moins référentiel qu’avant la division. La disproportion (inégalité) entre l’intérieur et l’extérieur diminue, l’observation devient moins limitée par le Concept de Réalité qui se réalise, qui est converti en matière - une nouvelle connaissance-identité de l’observateur.

Finalement, l’on obtient l’état de réalisation du Concept d’Egalité. C’est la conversion de l’inégal en égal, la destruction de la vieille référence et la création d’une nouvelle référence qui évoque, bien sûr, un concept opposé, une volonté de répéter l’expérience passée : l’observation de l’inégalité de l’intérieur et de l’extérieur. (1.3.3.)

 


NOTES :

  • Le germe-référence se développe grâce à l’observation du milieu-énergie de caractère opposé qu’il conceptualise-consomme en répandant sa référence pour devenir, finalement, lui-même un nouveau milieu-énergie.
  • Quand le germe arrive au stade de milieu-énergie, le reste non conceptualisé du « vieux » milieu devient, à son tour, un germe, ou l’imperfection-limite de ce nouveau milieu-observateur. 
  • Le processus de réalisation d’un concept est l’unification des éléments. Dans ce sens, il mène à l’homogénéisation et à la réduction de la diversité du milieu dans lequel il opère. Cependant, l’unification rencontre la résistance du milieu due à la création des observateurs s’opposant à la diffusion du concept de référence. Cette résistance est, bien sûr, le développement du concept opposé au concept unifiant.
  • Le germe-observateur est la quintessence opposée de la totalité des concepts du milieu.
  • Lors de l’observation, la communication s’établit à la jonction des opposés, à la rencontre de la perfection avec l’imperfection, à la limite.