Méditation I




- La conscience du présent résulte de l’union d’un grand nombre d’éléments - observateurs. Elle est la conséquence d’une évocation unie réalisée par un ensemble multiple, elle est la conséquence d’une union collective ; le présent est une expression unique du multiple et il a un caractère singulier.

- Ainsi donc, la conscience du présent de l’ensemble des éléments transcende les consciences des éléments qui forment cet ensemble ?

- Oui. Cette conscience d’union est séparée du multiple qui la crée.

- Ma conscience du présent, mon présent, résulte de l’existence d’un ensemble d’éléments en état de communication-dialogue, qui sont, localement - moi. Ces éléments sont en état de conscience d’union ou en état de continuum et de plaisir. 

- Sont-ils les neurones ? 
- Supposons que oui. 
- Mon présent est séparé de celui des neurones, il transcende le présent neuronique.

 

 






Méditation II



- Quelle est la fonction de mon présent ? Que fait-il à cet instant ?
- Il « est ». Je suis « un ».

 

 





Méditation III



- Or, je pense.

- Je parle donc. Je communique.

- Avec quoi ? Avec qui ?

- Avec d’autres.

- Mais je suis seul. Où sont-ils ? Qui sont-ils ? 
Avec qui parlé-je ? Avec qui pensé-je ?

- ?
- ?
- ?

- Je sais ! Je sais ! Quand je pense je ne suis plus un ! Quand je pense, je suis double ! « Ils » sont moi !
- Quand je pense je n’ai pas de présent ! 
- Quand je pense, je suis multiple !

 



Méditation IV



- Ma pensée, le dialogue auquel je participe, auquel nous participons, crée un trans-présent, une conscience qui transcende les présences des éléments en communication, nos présences.

- Oui. Mon dialogue-pensée me transcende, littéralement, se sépare de moi.

- Ce qui parle, pense, ou écrit, n’est pas moi. Moi, je suis hors de cela, je suis absent.

- Le « un », un présent unique, non partiel et sans communication, ne crée pas du présent le transcendant. L’un est absurde.


 

 

 

6.0. LE PRESENT

 



6.1. LE CONCEPT DU PRESENT

6.1.1. Le concept du présent peut être représenté moyennant le modèle d’évocation du temps subjectif que nous appelons le « modèle de Saint Michel ». Suivant cette représentation, le cycle complet d’observation
( la conceptualisation de la connaissance suivie par la réalisation du concept créé ) qui ne modifie ni la connaissance ni l’ignorance de départ est interprété comme une zone de présent ou comme le présent. Dans ces termes, le présent, le temps nul, est un état où le passé crée un futur qui se réalise totalement, ce qui revient à dire que le futur est égal au passé (3.1.2.).

Le présent est un état de réversibilité du temps subjectif de l’observateur (5.16.2.). C’est un état de conceptualisation et de réalisation immédiates, il est un état de certitude, appelé dans d’autres textes : l’état de sagesse ou, encore, l’observation continue (2.9.1.).

 

NOTE :

  • Dans le présent, la conceptualisation de la connaissance est interprétée par l’observateur comme l’action en vue d’une matérialisation possible du futur, alors que la réalisation du concept est considérée comme le retour dans le passé qui donnera une nouvelle conceptualisation, un nouveau futur.



6.1.2. L’ANALYSE
A partir du temps zéro, la conceptualisation hors de la zone du présent ou, encore, la complexification de la conceptualisation mène vers des réalisations qui ne se matérialisent pas immédiatement ; elle produit un cycle d’observation qui exige du temps. La complexification déplace donc le moment de la réalisation dans le futur, elle conduit à l’état où la réalisation devient incertaine, elle rend le temps subjectif irréversible.
Cependant, la synthèse de la connaissance séparée et complexe, la réalisation du futur, permettent le retour dans le présent, donc à l’état de réversibilité du temps. C’est ainsi que le dépassement de la zone du présent, l’abandon du temps réversible pour un temps irréversible, après la réalisation, conduisent à l’extension de cette même zone du présent.
Dans cette approche, le temps et l’incertitude sont équivalents.



6.1.3. LA SYNTHESE
Le dépassement de la zone du présent réversible par la synthèse excessive, le compactage exagéré de la connaissance, la généralisation, donnent lieu à des conceptualisations précipitées et souvent erronées. La synthèse hors de la zone du présent produit du passé. Aussi rend-elle le temps subjectif irréversible, car la reconstitution du présent à partir de la connaissance compactée, donc nécessairement réduite, est incertaine.
Cependant, le développement de la connaissance compactée, la conceptualisation du passé, peuvent être un départ vers la réversibilité du temps, vers un passé proche du présent, peuvent conduire à l’augmentation de la profondeur de la zone du présent.



NOTE :

  • La synthèse parfaite d’une connaissance est un déplacement vers le passé, vers le point à partir duquel cette connaissance fut conceptualisée, donnant comme résultat la connaissance qui est, au moment du présent, synthétisée. 



6.2. LES TROIS DOMAINES
L’observateur, en fonction de l’état de sa connaissance, demeure dans un des trois domaines : passé, présent ou futur.

Celui qui vit dans la zone du présent, qui est dominé par le Concept d’Egalité du passé et du futur immédiats donc n’exigeant pas de temps, expérimente, dans cette zone, la certitude. Il est, en effet, dans la zone de sagesse subjective et son observation réalisée d’une manière continue se limite à l’observation à l’intérieur de cette zone même. Or, cette zone étant parfaitement connue (2.9.1.), réversible et certaine, son observation apporte peu de nouveau sous forme de futur ou de passé.
Seul le passage au-delà du présent, l’observation discontinue (2.9.2.), l’évocation sur base de la connaissance sûre - réversible - d’un futur ou d’un passé incertains, donc l’évocation du temps, qui peuvent apporter du nouveau et, alors, par l’achèvement du cycle d’observation, sélectionner une nouvelle connaissance réversible élargissant ainsi la zone du présent.
En effet, aussi bien la réalisation d’un futur parmi d’autres futurs qui sont
« irréalisables », que la conceptualisation d’un passé parmi des passés qui « ne sont pas conceptualisables », sont des sélections.

Le présent subjectif de l’observateur se développe par la sélection des cycles complets d’observation ; les autres, incomplets, font le passé et le futur, sont un présent virtuel. Ou, autrement dit, le présent se construit par l’annihilation du temps.

 

 


6.3. COMMENT CREER LE TEMPS ?

6.3.1. QUITTER LE PRESENT
- Comment quitter le présent ? Comment rompre la continuité de la certitude? Comment créer le temps ?

- La réponse est simple : appliquer la connaissance vérifiée, son présent, sa sagesse, à ce qui est inconnu, à l’ignorance.

- Mais ma connaissance est subjective, incompatible avec l’ignorance objective du réel ! Elle est l’expression d’un pur Concept d’Egalité ! Cela ne peut pas fonctionner !

- Si, car c’est dans le fait que cela paraît « ne pas pouvoir fonctionner » qu’il y a une ouverture vers le hors-du-certain subjectif ; il n’y a pas d’ouverture vers le nouveau sans abandon du présent.

- Et pourquoi, alors, cette ouverture ?

- Eh bien, afin de laisser entrer une nouvelle connaissance dans la zone du présent et afin d’augmenter, en conséquence, la profondeur du présent.

En effet, un concept, ou une réalisation, projetés hors de la zone du présent, entrant en relation avec le réel objectif de l’extérieur, peuvent être modifiés et devenir plus réalisables qu’ils ne l’étaient lors de leur création. Et, si la modification n’est pas trop importante, elle, ou il, peut être reconnu comme sien et être intégré dans la connaissance, modifiant ainsi le présent subjectif de l’observateur (3.5. et 5.19.1.).



6.3.2. PROJECTION DU PRESENT 
6.3.2.1. La projection de la connaissance hors du présent réversible est la production d’un cycle incomplet de la transmutation du temps, la brisure de la symétrie du présent. La projection est la création, toujours suivant le modèle du cycle complet du présent, du temps ; - du futur ou du passé. Elle est, en conséquence, une observation discontinue. (2.9.)
La projection est une tentative de quitter la certitude du présent subjectif. (3.7.4., 3.7.5. et 5.14.4.)


NOTES :

  • En réponse à la projection du temps donné, l’observateur espère observer le temps opposé, comme cela se fait dans la zone de son présent. La création du futur suggère la production du passé ou du plaisir d’union, et la création du passé promet l’arrivée du plaisir de séparation, du futur. 
  • La création du futur est un désir de séparation ; la projection du passé, un désir d’union. ( voir chapitre 2.4. et figure 6 )




6.3.2.2. RESTER DANS LE PRESENT
L’observateur qui ne quitte pas son présent vit dans un temps indépendant du futur et du passé. En fait, il vit séparé du réel objectif. Néanmoins, afin de poursuivre son existence, il est obligé de protéger son présent contre l’agression du temps qui est produit par l’extérieur, et sa seule arme est son présent, sa sagesse. 



6.3.2.3. VERITE SUBJECTIVE
Le présent est, en d’autres termes, une vérité subjective et locale, alors que la projection est l’application de cette vérité sur l’extérieur.

En effet, la projection est l’introduction d’une fraction du présent subjectif, donc d’un concept particulier, dans le domaine du « présent objectif » de l’extérieur, où ce dernier peut être considéré comme un domaine de futur et de passé illimités. Elle est, en conséquence, une tentative d’extension de la zone du présent subjectif à ce domaine objectif, ou encore, une tentative d’union du présent limité avec le présent illimité. (5.15.4.)

La projection de la vérité subjective hors de la zone de sagesse, réalisée en réponse à une perturbation extérieure (3.7.4.), a pour but de protéger le présent-vérité de l’intrusion d’une connaissance inconnue. Or, étant la production du temps, cette projection est aussi une ouverture vers le « hors de la certitude locale » permettant l’observation à longue distance et l’intégration éventuelle de cette même connaissance inconnue.



6.3.3. L’OBSERVATION DANS LE PRESENT
L’observation à l’intérieur ou près de la zone du présent est de type continu et s’effectue à courte distance. Elle est dirigée simultanément dans plusieurs directions de l’espace et gouvernée par le Concept d’Egalité. L’observation près de la zone du présent est caractérisée par une grande probabilité de réalisation du cycle complet de la transmutation et, en conséquence, par la répétition de ce cycle. Elle est donc l’indice de la réversibilité du temps, de l’absence de changement, de la perfection locale et de la stabilité du présent.



6.3.4. L’OBSERVATION HORS DU PRESENT
Par contre, l’observation hors du présent est discontinue, c’est une action à longue distance : soit vers l’avenir, soit vers le passé. Dans ce sens, elle est une projection. Gouvernée par le Concept d’Inégalité, elle se dirige vers une direction spécifique. L’observation discontinue, une analyse ou synthèse hors de la certitude du présent, donne une faible probabilité d’achèvement du cycle de transmutation qu’elle initie. 
Elle apporte du changement, de l’irréversible, de la destruction et de l’instabilité à la connaissance appartenant à la zone du présent.



6.3.5. Une autre façon de voir la projection ou l’observation hors du présent subjectif est de dire que l’observateur - le milieu-objectif - afin de préserver et de renforcer son objectivité (5.4.1.), « subjectivise » ses quanta-éléments, espérant ainsi de recevoir leurs projections sur lui-même. 
Un pas encore plus loin sera peut-être d’avancer que, en fait, en créant des 
« trous » vides de temps ( le présent local ) - une sorte d’antiprojection - il provoque des projections au niveau de ses éléments. C’est comme si l’observateur-milieu « suçait » le temps, comme s’il créait l’observation afin de rester objectif (5.13.).

Et c’est bien du temps qu’il doit être avide, car l’objectif ne l’a que très peu - il demeure dans le présent.

 



6.4. LES LIMITES

6.4.1. La projection d’un futur à partir d’un présent, donc une conceptualisation, qui atteint l’état de fruit-énergie (2.2.4.) ne peut plus continuer la progression de l’analyse. A ce stade ce n’est que la destruction du fruit ou, encore, sa synthèse-réalisation qui peuvent créer les conditions requises pour qu’une nouvelle conceptualisation puisse survenir.
La continuation de la conceptualisation sans synthèse est la production d’un futur de plus en plus irréalisable.



6.4.2. Aussi, toute projection du passé, toute réalisation ou synthèse qui atteignent sa limite - l’état de fruit-matière (2.2.2.) - ne peuvent plus être continuées. Ce n’est que la conceptualisation du fruit, l’analyse-séparation de son état qui peuvent produire les conditions favorables pour qu’une nouvelle synthèse puisse être réalisée.
La continuation de la synthèse-réalisation sans analyse est la création d’un passé de plus en plus inconcevable.

 



PENSEE :

  • Le présent est un continuum temps-et-espace sans pensée. Les projections sont des tentatives d’extension ou, encore, de reproduction de ce continuum, elles sont la pensée du présent. (5.15.4. et 5.15.5.)