7.0 L’ABSURDE ET LA RAISON

Il n’est pas de choix entre « être ou ne pas être »,
car ces deux états sont également absurdes.





7.1. LE PRINCIPE UNIQUE

7.1.1. PERFECTION
Imaginons un monde gouverné par un seul principe. A priori, c’est un monde parfait, où toute loi, donc toute relation, sont le prolongement de ce même principe, sa conséquence.
Cependant, le concept d’un tel monde, comme tout concept, est limité : à travers la limite, il évoque un monde « hors de principe unique ». Et puisque notre mode est gouverné par un seul principe, l’autre principe « extérieur » ne peut être que sa négation. En conséquence, ce monde sera gouverné par deux principes opposés.



7.1.2. Posons que le principe unique soit le principe d’union, et sa négation - le principe de séparation.
La réalisation d’un seul principe, c’est-à-dire l’élimination de tout autre principe, mène, dans le cas d’un monde d’union, à l’union dans un point infiniment petit, ou à la séparation infinie, dans le cas d’un monde de séparation. Donc, l’adoption d’un seul principe mène à des situations fondamentalement absurdes, extrêmes. (6.4.)



7.1.3. IMPERFECTION
– En quoi consiste l’imperfection ? 
– Cela ne peut être que la présence de l’opposé dans le principe même - la conséquence de sa limitation ou, encore, de sa conception. 
– Certes, ni l’état d’union ni l’état de séparation des choses, dont ce monde est composé, ne sera jamais parfait, unique, pur.



NOTES :

  • Ce qui n’a pas de limite ne crée pas de l’opposé.
  • Aussi, pourrait-on dire ici que le principe parfait est unique, alors que le principe imparfait est composé, multiple.

 


7.1.4. LES TROIS DOMAINES ( fig. 9 )
L’application du principe imparfait mène à la formation de trois domaines : deux extrêmes, où les choses sont dominées essentiellement par le principe ou son opposé et, entre eux, le domaine modéré où le principe et son opposé sont équivalents. 

Dans le cas du monde union-séparation, le premier domaine est l’aboutissement de la perfection du principe même d’union. C’est la perfection de la connaissance, la perfection du compactage et de la concentration. C’est aussi la présence de la matière pure et presque parfaite dans sa réversibilité - symétrie d’états ; une matière qui se réfère à elle-même.

L’autre domaine extrême est la réalisation de la négation du principe d’union. C’est le domaine de l’ignorance, de la connaissance séparée, dispersée, multiréférentielle, c’est la complexité des relations presque infinies ou le règne de l’irréversibilité, de l’asymétrie.

Et enfin, le troisième domaine de la perfection « raisonnable » - la limite - médiateur - entre les extrêmes (2.1.3., 5.2.3., 5.19.3.). C’est là, dans ce monde sage ou modéré, que l’union et la séparation, la symétrie et l’asymétrie, sont tellement « déformées » qu’elles font presque l’égalité : ni l’une ni l’autre ne domine, ne peut devenir « principe ». (5.18.8.)



7.1.5. SOUS-DOMAINES
Aucun domaine n’étant parfait, on doit, dans chacun, retrouver les trois sous-domaines et, dans chaque sous-domaine, trois sous-sous-domaines et ainsi de suite. A chaque niveau de considération on peut, en conséquence, délimiter une zone de « raisonnable » entourée de deux absurdités « irraisonnables ».
A ce stade, le raisonnable apparaît, d’un côté, comme l’unificateur de ce qui est opposé et, de l’autre, comme un diviseur des perfections extrêmes, donc comme un créateur du duel.
Toujours entouré des deux absurdités dont il provient et lesquelles il crée, le raisonnable est la limite ou, encore, pensée.



7.1.6. EVOCATION - PENSEE
C’est ainsi qu’une absurdité, par exemple un domaine d’union, à travers le domaine raisonnable, « la limite », s’attribue - pense - le troisième domaine de séparation, lui nécessairement opposé et également absurde. Ce domaine 
« sait » que l’autre « est ». Ce processus de complémentation est l’évocation de l’opposé.
De la même manière, un domaine en état de séparation, à travers la limite du raisonnable qui le confine, évoquera un domaine opposé d’union, un domaine absurde.



7.1.7. DESTRUCTION DU RAISONNABLE
La dissolution du raisonnable-limite, l’effondrement du miroir qui soutient la symétrie des opposés, suppriment l’évocation locale, unissent les absurdes. Bien évidemment la naissance de cette unité, de cette asymétrie locale, n’est rien d’autre que la création d’une nouvelle absurdité qui, à sa limite, évoquera son opposé, donc un domaine séparé. La destruction de la limite locale 
« déplace », en effet, cette limite et, avec elle, l’évocation vers la périphérie, crée un vide du raisonnable.



7.1.8 CREATION DU RAISONNABLE
L’évocation locale, la division de l’union, ou bien l’union de ce qui est séparé, forment la limite, produisent de la symétrie, créent du raisonnable. C’est la naissance d’une limite, de ce miroir local, la production des nouveaux opposés qui, eux, séparés par la limite créée, deviennent de nouveaux domaines absurdes, donc virtuellement rationalisables.

Une autre façon d’envisager ce problème est de dire que c’est le raisonnable qui « est », et qu’en évoquant ou en « connaissant » ce qui « n’est pas », il tend vers l’un ou l’autre état absurde pour briser la symétrie de son monde.
Ainsi, le raisonnable dérive vers l’union ou vers la séparation, pendant que les états d’union et de séparation extrêmes, absurdes, tendent vers le raisonnable afin de créer, chacun, la symétrie de son absurdité. ( Annexe A1.2.)
Le processus de création et d’annihilation de la limite-pensée est la conscience.

 


7.2. L’INDIVIDU « I »

7.2.1. Tout domaine considéré arbitrairement comme raisonnable, nous allons appeler - individu - et le symboliser par la lettre « I ». ( fig. 9 ).

L’individu, suivant le « principe » des trois domaines, est entouré de deux domaines absurdes, opposés, et il peut évoluer soit vers l’état d’union plus grande que la sienne, soit vers l’état de séparation plus profonde. 

Aussi, est-il composé d’autres individus : chacun d’eux est une connaissance, un raisonnable local accompagné de ses deux absurdités.



7.2.2. REFERENCE
L’individu détermine son état en le comparant avec l’état de la référence extérieure, donc, nécessairement, par la comparaison avec un domaine absurde. Cette comparaison est réalisée par l’observation - communication, par le processus de conscience. Une référence extérieure permet à l’individu la détermination localement objective et, ensuite, l’évolution vers l’état de référence ou vers son opposition. Effectivement, le raisonnable se construit de l’absurde.



7.2.3. ISOLATION
L’absence ou le refus d’un repère extérieur mènent à l’autodétermination de l’individu et, en conséquence, à la fixation de l’état présent, à l’immobilité évolutive. Dans ce sens, le perfectionnement de l’état présent (2.5.), le perfectionnement de la limite, éloignent du raisonnable, mènent à l’absurde.

L’individu autodéterminé se réfère à sa propre connaissance, et uniquement à elle. En conséquence, il ne peut pas identifier correctement sa position entre les deux absurdités : il sait qu’il « est » mais il ne sait pas « où  » il est.
Dans le cas de l’autodétermination - isolation parfaite - il devient l’élément totalement séparé à l’intérieur du milieu où il « est », et il devient l’élément de base de ce milieu. (2.7.2.)



7.2.4. DEVIATIONS
Appelons « réalisateur » l’individu en état d’union renforcée, et 
« penseur » l’individu en état de séparation. Par rapport au domaine localement raisonnable « I », ou encore à l’état de sagesse, le réalisateur et le penseur sont des déviations. 

Considérons ces deux types d’individus en termes de comportement et affectivité, caractéristiques pour les êtres humains.

 



7.3. REALISATEUR « R » ( fig. 8 et fig.9b )

7.3.1. Le réalisateur est constitué de matière dure (4.3.) par rapport à celle de l’individu raisonnable. Sa matière, très cohérente, consolidée et liée, peut être considérée comme ayant un défaut de séparation. Pour ce qui est raisonnable, le réalisateur représente le cas d’une union absurde.
Le réalisateur est un individu dominé par la conscience d’union ; il pratique peu de conception. Ce type d’individu recherche la « réalisation parfaite », pure, sans conceptualisation, sans pensée. Or, la réalisation sans pensée est une réalisation immédiate ou « spontanée ». (5.20.)

Ainsi, la réalisation immédiate remplace la réflexion, la pensée et la conceptualisation ; le réalisateur s’exprime par l’action, par la possession ou l’élimination d’objets.
D’un autre côté, son activité « spontanée » le conduit à l’impossibilité
de produire une pensée ou un concept complexe, car la réalisation immédiate de la pensée qui naît empêche la suite - son achèvement. Il en résulte peu de transmutation.



7.3.2. ETAT INTERIEUR
L’accomplissement par le réalisateur de l’état d’union de sa connaissance le conduit vers un faible conflit intérieur, vers l’état de continuité et de certitude. Essentiellement, c’est un état de satisfaction et de plaisir.
Pour cet individu, le sens c’est : se servir d’une référence, tandis que l’absurde, le non-sens, c’est l’absence de référence.
Ayant réalisé son union individuelle, devenant la référence même, le réalisateur est dominé par le Concept d’Egalité et dirige son observation vers l’extérieur, dont il est séparé.



7.3.3. EVOLUTION ( fig. 8 et fig. 9 )
Cet individu a devant lui deux chemins d’évolution : ou bien de s’approcher de l’état raisonnable - la voie de séparation, ou bien, de s’en éloigner par l’approfondissement de son état d’union ( 2.5. Perfectionnement ). 

1. Le réalisateur affaiblit son état d’union et s’approche du raisonnable par des activités qui produisent de la conscience de séparation, de l’énergie et de l’ignorance, qui créent de la souffrance, - d’où la recherche du masochisme, de l’abstention, de l’ascétisme etc.
2. Le réalisateur approfondit son état d’union par la possession de choses et d’autres individus.



7.3.4. CARACTERISTIQUE
Au niveau physique, la connaissance unie de réalisateur correspondra à la perfection du corps, des organes intérieurs et de leurs relations ; il en résulte bonne santé et longévité.
Au niveau psychique, la connaissance réalisée produira un concept de réalité parfait, achevé, qui se manifestera par la production de certitudes, de structures rigides et de doctrines inaltérables - c’est l’absence de doute. L’individu est marqué par l’esprit de synthèse, de simplification et de généralisation.
On peut aussi s’attendre à des tendances exprimant l’importance de ce qui est reproduction, réalisation, continuité, stabilité, conservation de la mémoire, tradition, passé et ordre. En plus, on peut prévoir une attitude d’isolation, d’intolérance, le goût pour la séparation familiale, la création de clans et le nationalisme.

A la vie intérieure, à la spiritualité, ou à la pensée, un réalisateur ne s’intéresse point. Généralement, il est dominé par l’existence et la subjectivité. L’individu uni a un caractère essentiellement féminin.
Le réalisateur, dominé par l’ordre, croit au désordre, à l’absurde, à son opposé.
L’état le plus horrible est pour lui l’immobilité ou la mort ; et c’est afin d’effacer le plus vite possible cette éventualité qu’il la nie par une action immédiate.
Le réalisateur peut être considéré comme l’aboutissement d’une transmutation dans l’état de matière pure ; comme un fruit-matière ou encore, comme un individu mûr (2.2.1.). Sa matière-connaissance, très unie, n’est jamais conceptualisée.

Le réalisateur « pense » en déplaçant la matière. Pour lui, les objets sont les éléments de sa pensée, et la manipulation d’objets remplace la pensée abstraite. Or, une réalisation sans phase de séparation préalable, sans pensée, crée peu de nouvelle matière.

Un individu de type réalisateur, féminin, ne trouvera pas de satisfaction dans l’expérience d’union ou de synthèse : il est déjà uni. Par contre, il recherchera les situations qui créent la séparation, telles que mouvements, indépendance, analyse, division et, finalement, destruction.



7.3.5. RESUME DES TRAITS
- la possession et l’attachement aux choses réalisées, aux objets
- la possession des autres individus, la domination
- l’autorité, le despotisme, la dictature, l’inégalité sociale
- l’ego matériel, la jalousie, l’impatience
- l’immobilité de l’esprit ( mobilité du corps suffit )
- l’importance des détails
- la recherche de réalisations produites par les autres ( imitation )
- des sauts irréfléchis d’une action à l’autre
- l’optimisme matériel
- la croyance aux concepts tout faits
- le courage, la violence, les solutions par l’action
- le conformisme, le patriotisme, le fondamentalisme, le rituel
- l’intolérance, la vérification, le contrôle
- s’efforce de mettre l’ordre dans son entourage
- décision facile : l’absence de décision peut conduire à la pensée !
- l’attachement à ses enfants - ses réalisations
- l’agitation permanente, le repos actif
- le racisme, les castes, des goûts et dégoûts prononcés
- la récupération de choses, l’économie
- un sentiment de perte ( manque, absence de concept )
- une bonne mémoire, la générosité
- des actes spontanés, non précédés par une réflexion
- le masochisme ( afin d’obtenir la conscience de séparation )

 

Le réalisateur évite :
- la conscience totale - séparation et réalisation 
- l’idée abstraite, non confirmée par des faits
- une réflexion prolongée, le mystère, l’inconnu, etc.
- les problèmes psychiques ( les pensées sont pour lui une torture )
- le plaisir autre que celui obtenu par la réalisation ou le mouvement

 

Le réalisateur se protège contre l’approfondissement de son état de cohésion et d’union grâce aux tendances propres à la conscience de séparation qui sont, entre autres :
- l’analyse, la division de la connaissance possédée
- l’expansion de l’espace personnel
- l’approche de l’irrationnel
- les extravagances et la destruction de son système de référence

La devise de réalisateur est :

« Tout est matière ! La pensée n’est rien ! »,

d’où il dépend de l’absurde, de l’irrationnel.




7.4. PENSEUR « P » ( fig. 8 et fig. 9b )

7.4.1. Le penseur est formé de matière molle (4.2.). Toujours référé à l’individu raisonnable, il représente un défaut d’union (5.21.), un manque de cohérence - c’est un individu absurdement divisé.

Etant en état de division de sa connaissance, c’est-à-dire divisé par la présence à l’intérieur de sa connaissance des limites-individus raisonnables, le penseur se voit devant un conflit intérieur créé par les évocations produites par ces individus. Le penseur est, fondamentalement, en état de souffrance. La limite de sa connaissance non réalisée, hétérogène, faiblement unie, ne constitue pas un individu raisonnable - miroir cohérent - et, en conséquence, elle ne produit pas une évocation homogène de son opposé.
Il en résulte un concept de réalité faiblement déterminé. En fait, le penseur est en état de multiples concepts de réalité, en état de vues instables. Il est marqué par l’esprit d’analyse, de décomposition en éléments et de complexification.



7.4.2. RELATION AVEC L’EXTERIEUR
La connaissance du penseur étant en état de dispersion, son observation se dirige vers l’intérieur - ce qui l’isole, bien sûr, de l’extérieur. Le penseur est un observateur objectif du type milieu ou énergie.
Ainsi, il n’est pas en conflit avec l’extérieur car, simplement, il en fait partie et, par l’observation de son intérieur, il crée un « extérieur » parfaitement observable dans son intérieur. (1.5.)
En fait, la communication du penseur avec le monde extérieur est une communication avec lui-même, avec son intérieur qui, à cause de sa division, ressemble à la séparation du monde extérieur. Sa communication est un dialogue entre les multiples individus de sa connaissance divisée. Cependant, pour un observateur extérieur, ce dialogue est simplement un monologue.

Le penseur n’est pas sensible aux interdictions ou aux limites extérieures. Il les accepte, elles ne le gênent pas, puisqu’elles font partie de lui. Pour cet individu, la raison c’est : ne pas se servir d’une référence particulière. La raison, pour lui, c’est d’explorer simultanément tous les éléments de la connaissance qu’il possède. Ainsi, bien qu’il soit dispersé intérieurement, à l’extérieur, il exprime le concept de réalité sous forme d’inégalité.

Son concept de réalité, inachevé, indéterminé, mène à de fréquents changements d’attitude, à l’incertitude, au manque de croyances. C’est un état de doute, essentiellement masculin.



7.4.3. CONSCIENCE.
Le penseur est dominé par la conceptualisation, par le dialogue de ses multiples concepts de réalité. Sa conscience - c’est la conscience de séparation ; il manifeste peu de réalisation. Sa devise est : 

« Tout est pensée, la matière n’est rien », 

d’où il dépend de ce qui est matière. En effet, le chaos croit à l’ordre, à la raison.



7.4.4. PENSEE
Le cas du penseur représente un défaut de la réalisation - la pensée est développée sans synthèse intermédiaire (4.2.2.). Or, c’est la réalisation-synthèse qui produit la mémoire, la base pour la suite d’une idée. (5.21.)
Le penseur considère le début d’une l’idée comme une idée déjà réalisée et, comme telle, il la prend pour base afin de créer une autre. En effet, stimulée par une idée, sa pensée crée immédiatement une nouvelle idée et, comme la pensée immédiate empêche la réalisation, le penseur se trouve dans l’impossibilité de créer un concept correct, évoqué à partir d’une connaissance réalisée ; il entre en état de boucle des pensées, en état de manque de synthèse.
Ainsi le penseur est en état de recherche d’un concept qui lui permettrait de quitter cet état de souffrance. Or, utilisant les concepts - pensées non vérifiées par la réalisation - il continue la boucle des pensées.
Sa pensée imparfaite, produite à partir de pensées inachevées, sans synthèse, contient de l’inconnu ou de l’ignorance. Dans ce sens, ce type d’individu est dans l’état d’énergie.



7.4.5. TENDANCES
L’esprit d’un penseur est excessivement ouvert, dépourvu des limites construites par la réalisation ; en conséquence, il est caractérisé par une faible mémoire, l’absence d’attitude critique et, en général, par la recherche de la réalisation du soi ou, encore, de son individualisation. Puisque dominé par le Concept d’Inégalité, son observation se dirige vers l’intérieur de sa connaissance ; il « pense ».
Le penseur est constamment à la recherche d’union et de plaisir, états qu’il ne peut obtenir que par la réalisation. Or, ses pensées étant irréalisables, imparfaites, il est attiré, voire hypnotisé, par les réalisations accomplies. Par exemple, l’immobilité est pour lui l’indice d’une réalisation, de la matière, du plaisir ; en conséquence, il cherche la stabilité, des valeurs sûres, un repos immobile, etc. ( afin de compenser la mobilité de sa pensée ).

Pour le penseur, l’état le plus effroyable est la mort conceptuelle, la cessation des pensées. Et, afin d’éviter cet état, il active n’importe quelle pensée.
Le penseur agit en déplaçant les pensées-objets à l’intérieur de sa connaissance, il se déplace en pensant, il simule le mouvement - mouvement qui, pourtant, n’est pas réalisé. 
L’état du penseur, essentiellement la division, implique une faible communication entre les organes de son corps et les foyers de sa connaissance.
Le penseur peut être considéré comme le fruit-énergie d’une transmutation, comme l’aboutissement de la perfection de la séparation. (2.2.1.)



7.4.6. CARACTERISTIQUE

 Le penseur se remarque par :
- l’absence de plaisir total, d’épanouissement, d’enchantement etc.
- un faible attachement aux choses, la patience, le repos immobile
- l’ego mental, le scepticisme, l’incrédulité, l’athéisme
- la difficulté de décision, un sentiment de perte, de manque ( de réalisation )
- la tolérance, l’égalité sociale, la démocratie
- un discours confus, des idées erronées, la curiosité ( voir sans comprendre )
- l’immobilité du corps ( la mobilité de la pensée suffit )
- juge ses idées imparfaites ( d’où il ne les réalise pas )
- une faible mémoire, la perte d’attention

 

Il recherche :
- le plaisir facile, les doctrines et les idées réalisées par les autres

 

Il évite :
- la conscience totale - séparation et union
- une action non réfléchie, la folie, la douleur physique
- la vérité ou la compréhension profonde, les sciences exactes

 

Le penseur réduit son état extrême et s’approche de l’état raisonnable par le développement :
- de la conscience d’union, de l’accumulation de ses réalisations
- de la connaissance et de la mémoire
- de ce qui est féminin
- du mouvement et de l’action, de la compréhension profonde, des études
- de l’action spontanée et de la sélection.

 

Le penseur approfondit son état de dispersion et en même temps s’éloigne de l’état du raisonnable par :
- la possession d’idées extérieures ( mimétisme, copie, imitation )
- l’approche de l’ignorance, de la folie et de l’irrationnel
- la recherche du plaisir facile accessible sans pensées.

 

NOTES :

absurde     raisonnable      absurde
( matière )        ( sagesse )        ( énergie )
( connaissance )                                  ( ignorance )
( pensée )

Réalisateur            Individu                  Penseur

 

  • INVERSION DE CONSCIENCES ( fig. 8 et fig. 9b )
    La formation des individus extrêmes, réalisateur et penseur, peut être considérée comme l’effet de l’inversion du cycle de la transmutation ou comme l’inversion des consciences d’union et de séparation. 
    (2.5.3. notes)

    En effet, un réalisateur évoquant, à partir de l’état d’union de sa matière, la conscience d’union au lieu d’évoquer la conscience de séparation, tentant l’union sans une division préalable, inverse le cycle de la transmutation, s’éloigne de l’état raisonnable (2.5.1.). 
    Certes, l’état de réalisateur ne crée pas une nouvelle connaissance, mais, étant la boucle de perfectionnement (2.5.3. notes) de l’état de matière à l’intérieur d’une boucle de l’existence (2.4.4.), il permet l’amélioration de la réversibilité de la matière de cet état. 

    De même le penseur, l’individu qui, à partir de l’état de conscience de séparation, évoque une nouvelle conscience de séparation au lieu d’évoquer la conscience d’union (2.5.2.), inverse aussi le cycle de la transmutation, s’éloigne de l’état raisonnable, va vers la séparation et la complexification de sa connaissance. (6.4.2.)
    Une conception à partir d’une conception non réalisée ne crée pas une nouvelle conception ; l’individu reste en état de séparation continuelle, en état de fruit-énergie (2.2.4.). C’est le cas de la conceptualisation sans synthèse, sans plaisir d’union, le cas où le désir d’union est suivi par le plaisir de séparation.
    Le développement de ce type de transmutation, dominé par le plaisir de séparation, mène à la division totale de l’individu, donc à son annihilation. (5.17.3., 6.4.1.)

 

PENSEES :

  • L’approfondissement de l’état de réalisateur ( 2.5.1. ) mène à l’état pur, à l’effondrement de sa matière. 
  • L’approfondissement de l’état de penseur ( 2.5.2. ) mène à l’état pur de l’énergie, à l’éclatement.
  • La pensée de réalisateur ne pénètre pas dans le futur. Elle concerne surtout le présent et, en général, elle est du type concret, facile à réaliser immédiatement. En revanche, la pensée d’un penseur, va loin dans le futur. Abstraite, détachée de son créateur, difficilement réalisable, elle devient un observateur quasi-indépendant.

 

  • Bien évidemment, les individus R et P doivent être considérés comme des états alternatifs de l’état raisonnable.