5.13. LE PERFECTIONNEMENT DU MILIEU

5.13.1. L’énergie-ignorance-objectivité est une connaissance dispersée, non unie, multiconceptuelle.

Un objet non uni, donc multiréférentiel, donc en état de relation entre les différents individus-connaissances, donc une structure de relations, se perfectionne par le développement de la variété des références, donc par l’augmentation de sa complexité.
L’objet non uni, nous l’appelons - « milieu », tend vers la perfection du chaos, vers une structure infiniment complexe et vide de singularité.

La perfection du milieu est réalisée, ou bien par expulsion d’individus redondants, ou bien par acquisition-attirance d’individus différents de l’extérieur.

5.13.2. Expulsion : Une union-continuum, donc une multiplicité-redondance, qui croît à l’intérieur d’un individu-milieu, réduit la perfection de son objectivité-chaos (5.3.4.). Afin de ne pas dégrader l’objectivité de l’ensemble de l’individu-milieu, cette union-continuum ( son imperfection ) est éliminée vers l’extérieur. 

Dans le cas de l’individu-milieu parfait dont l’extérieur se trouve à l’intérieur de lui-même (1.5.1.), une élimination est l’annihilation par la dispersion. La mort d’un individu à l’intérieur d’une structure complexe, donc en état de séparation, est son annihilation en vue d’améliorer la perfection du chaos de cette structure.

La mort est l’annihilation de la connaissance menaçant, par sa présence et, surtout, par son potentiel de développement de l’objectivité (5.4.1.), l’objectivité globale de l’individu-milieu dont cette connaissance fait partie.

Ainsi, la réduction de redondance qu’est la mort d’un individu « objectif », au niveau de l’individu-milieu, est la perfection de son objectivité ; elle est une réduction de la conscience d’union et l’augmentation de la conscience de séparation, elle est la perfection du chaos-vide. Cependant, si l’on considère un individu séparé, sa mort est la réduction de la conscience de séparation et la création de la conscience d’union avec le milieu : elle lui permet la participation à l’état d’objectivité du milieu.

5.13.3. Attirance : Le milieu peut se perfectionner par l’attraction depuis l’extérieur de nouveaux objets, et par leur incorporation en lui-même. 
Or, l’extérieur du milieu se trouve dans son intérieur, et l’attirance prend alors l’aspect d’émergences ou, encore, de créations d’objets ou d’individus dans son sein.

La perfection du milieu se poursuit donc par la production d’individus unis, alors que le milieu, lui-même séparé, les tolère. Il est même obligé de tolérer, sous forme de reproduction, l’existence de foyers d’union, car chacun de ces foyers peut, par son développement, apporter de la variété et peut, ainsi, augmenter le vide du chaos global. En tolérant la reproduction, en acceptant des naissances-créations et, finalement, en produisant les foyers d’union, l’individu-milieu potentialise sa perfection.

Cependant, les foyers d’union qui n’évoluent pas, qui ne remplissent pas 
« l’espérance » du milieu sont détruits (par expulsion), alors que ceux qui se complexifient s’unissent avec le milieu, deviennent l’individu-milieu même, objectif, insignifiant et localement vide de sens quelconque.

L’évolution vers l’objectivité, vers l’ignorance subjective est la quête de l’état de vide de singularité, un vouloir devenir « une nature ».

5.13.4. Vouloir mourir, c’est vouloir imiter la continuité, imiter l’unité de la nature, alors que vouloir vivre est un désir de participation à l’unité de la nature afin de refaire, en appliquant le processus d’imitation de référence, cette unité dans son intérieur.

 

 

5.14. DE LA SYNTHESE

5.14.1. La connaissance-matière est le modèle d’un champ-énergie qui peut être créé à partir de cette connaissance (0.1.2.). 
La connaissance parfaite - fruit-matière - contient, en elle, tous les éléments nécessaires pour recréer le champ-énergie-concept, qui a réalisé cette connaissance (0.1.2. et 2.2.2.). 
De même, le champ parfait - fruit-énergie - contient en lui tous les éléments indispensables pour réaliser la matière-connaissance-modèle qui l’a créé. (2.2.4.)

5.14.2. Le processus de l’analyse, ou de la conceptualisation, transforme la connaissance unie, ou matière, en un champ formé d’individus-éléments séparés.

5.14.3. La synthèse est l’union ou le « compactage » du champ. Elle mène à la création d’un modèle-connaissance-matière qui décrit ce qu’était le champ qui l’a créé. Dans un sens, la synthèse structure le champ.

5.14.4. La matière-connaissance est un champ qui, dans des conditions données, ne peut plus être compacté davantage. Elle est un champ imparfait car ne contenant pas la connaissance-matière indispensable à son décompactage ; c’est un champ qui est arrivé à l’extinction de sa réversibilité. 

5.14.5. La synthèse est un compactage de la connaissance objective en connaissance subjective ; elle est la réduction de l’espace et la densification du temps, elle est la création d’un modèle de l’objectivité à partir duquel il sera possible de reconstituer cette objectivité. 
Le compactage, la synthèse, sont des actions-observations dirigées de l’extérieur vers l’intérieur ; ils sont le transfert de l’image-état de l’objectivité dans un lieu sûr, de faible espace, où les risques de sa destruction sont faibles ( 3.2.3. Note 9 ). Le compactage est la réalisation de ce qui est intérieur et subjectif.

5.14.6. La synthèse est un sauvetage de l’objectivité.

 

 

5.15. DE L’ANALYSE

5.15.1. Le subjectif garde, fige, sous forme de modèle, l’état de l’objectif. Or, l’objectif est un multiple subjectif où chaque subjectif compacte-fixe l’image-état d’ensemble dont il fait partie.
Ainsi, le subjectif est toujours en retard par rapport à l’objectif, il est la mémoire de ce qui « a été » objectif. Le processus de compactage, de production de la mémoire, de production du passé à partir du présent objectif est la conscience d’union.

5.15.2. Le décompactage de la connaissance, l’analyse, le développement du modèle, sont les conversions de la connaissance subjective en connaissance objective, sont la création de l’espace « objectif » ou la recréation d’une objectivité espérée. C’est une action-observation dirigée vers l’extérieur. Le décompactage-développement du modèle-connaissance est la conversion de l’intérieur en extérieur.
Le processus de décompactage engendre la conscience de séparation.

5.15.3. Le décompactage et l’analyse sont une réduction de la mémoire, une actualisation du passé, une tendance à la production d’un présent-objectivité et, par ce fait, ils sont la création de la possibilité d’une future mémorisation-compactage de ce même présent. 

Le décompactage-analyse - le développement du subjectif - est un processus de production de ce qui sera objectif, de ce qui sera le présent. Il est la 
création du futur, la création de l’énergie.

5.15.4. Le processus de l’analyse ou, encore, le champ de conception (5.11.), apparaissent à la limite ; là où la reproduction du continuum est dérangée. Dirigée vers l’extérieur, l’analyse est une action - concept - ( le décompactage et l’actualisation de la connaissance possédée ) développée en vue de la 
« réparation » de la déformation qu’est la limite. D’un autre côté, la synthèse est la réalisation de cette « réparation », la récréation à partir de l’extérieur analysé ( champ de conception ) du « corps » du continuum. L’analyse et la synthèse font prolonger l’intérieur.

5.15.5. Les processus d’analyse et de synthèse « équilibrés » (1.4.2.) sont l’état de sagesse, la reproduction parfaite, la production de la continuité et du vide. 
Ces processus « inégaux » font apparaître l’analyse ou la synthèse seules ; la connaissance, la pensée, l’observation et la conscience.

 

 

5.16. LE TEMPS

5.16.1. A l’intérieur d’un individu-milieu où plusieurs subjectivités-individus réalisent le processus de conscience, le compactage et le décompactage individuels ne peuvent jamais être fidèles, parfaits, car l’objectivité globale du milieu n’est pas parfaite.
En effet, un champ de connaissance ou, encore, l’objectivité d’une conceptualisation produite à partir d’un modèle-connaissance, n’est jamais égale à l’objectivité-présence du milieu dans lequel ce modèle se développe.

Alors, le subjectif, étant en retard par rapport à l’objectif, (5.15.1.), pour rapprocher l’objectif décompacté de l’objectif actuel, essaie en quelque sorte de devancer l’objectif en modifiant l’objectif décompacté de manière qu’il s’accorde avec ce que sera l’objectif. C’est dans ce sens que l’analyse crée du futur.

5.16.2. C’est à cause de l’écoulement du temps entre le compactage et le décompactage que l’objectivité décompactée - le subjectif - n’est jamais égale à celle du présent.
Ou, une autre interprétation : l’observation, le traitement de l’objectif et du subjectif, crée le temps. En effet, là où le temps est nul, au présent, l’observation est parfaite, réversible.

« Le temps, cette erreur ou imperfection de l’observation. »

5.16.3. L’individu-subjectivité ou, encore, la connaissance-matière est une concentration - fixation - de l’objectivité locale, elle est un quantum de l’objectivité, une irrégularité-imperfection de l’ignorance-énergie-champ.
L’individu-subjectivité est ce qui n’est plus localement compactable mais, par contre, il est ce qui peut être développé, décompacté, analysé.

5.16.4. Le compactage-synthèse ou le décompactage-analyse au-delà du seuil de réversibilité sont la destruction du modèle-connaissance. Ils sont la mort de l’individu.

5.16.5. L’objectif-ignorance, le milieu, sont ce qui est mémorisable, ce qu’il est possible de compacter, de réduire ; c’est aussi ce qui n’est pas conceptualisable. L’objectif est ce qui peut devenir une connaissance-matière.

5.16.6. Le conflit entre l’objectivité réelle et l’objectivité modelée (ou simulée) à partir de la mémoire, la différence entre l’état présent et l’état antérieur, est le conflit milieu - individu. Ce conflit est la conscience.

 

 

5.17. LA RELATIVITE DE LA CONNAISSANCE

5.17.1. Le processus de synthèse isole le modèle-individu de ce qui est dévoilé, de ce qui est réel. Le compactage crée l’intérieur, crée ce fameux secret de l’intérieur tant convoité par les observateurs extérieurs. Or, une connaissance isolée est un milieu ou une énergie objective. ( L’isolation de la connaissance crée l’objectivité relative. (5.5.8.))

Ainsi, une connaissance compactée en un modèle est un individu à l’intérieur d’un autre individu qui est objectivité-ignorance-milieu non compacté. Si la séparation est parfaite - il n’y a pas de références-liens communes entre l’individu et le milieu dans lequel il se trouve - leurs états sont semblables. Et ce sont alors deux milieux-énergies, l’un à l’intérieur de l’autre, sans que l’un 
« connaisse » l’existence de l’autre. 

Dans cette situation, l’établissement d’une relation, s’il se fait, produira des deux côtés la réduction de l’objectivité et l’émergence de la subjectivité, le processus de conscience démarrera, l’observation réciproque apparaîtra.

L’individu-connaissance isolé prendra alors « conscience d’être » à l’intérieur de quelque chose qu’il ne connaît pas, qui lui est étranger, pendant que le milieu prendra conscience qu’à l’intérieur de lui, du vide, émerge quelque chose de singulier, menaçant son objectivité : sa réplique.

5.17.2. Les compactages-synthèses successifs de la connaissance sans ses décompactages-analyses intermédiaires et adéquats mènent à la perfection de la réversibilité, donc à la non-observabilité et à la non-référentiabilité, donc à l’ignorance ou énergie et, finalement, à la simplicité. Ces réalisations sont la création des connaissances auto-référentielles pour lesquelles le futur est connu, car proche du passé. Elles sont la réduction du temps.

5.17.3. Les décompactages-conceptualisations-analyses successifs d’une connaissance sans synthèses-compactages-réalisations intermédiaires et adéquates mènent au développement de l’irréversible. Ils conduisent vers une structure basée sur la relation de références, vers le complexe, mènent vers un « sans-retour ». Elles produisent du temps.

5.17.4. Est-ce l’arrivée à la limite de la perfection de la réversibilité des états de l’individu-élément le plus parfait, de son compactage et décompactage, de sa réalisation et conceptualisation, de sa connaissance et ignorance, qui est à l’origine de la quête de l’autre extremum, d’une structure formée d’infinité de ses répliques et infiniment complexe, parfaitement irréversible, donc unique ?

Ou, peut-être, est-ce la reproduction infinie de l’individu-élément le plus réversible possible qui crée, à cause d’une erreur, toutes les « éternités », un individu - élément - parfaitement réversible ? La perfection ?

Et alors, la nature, notre monde, ne sont-ils qu’un déchet - produit secondaire, le champ - de cette quête ?

 

 

5.18. LA PENSEE

5.18.1. Une idée :
     L’émergence d’une idée est la naissance (5.13.3) d’un individu au sein d’un milieu constitué (5.7.2.) de la matière-connaissance en état de sagesse (1.3.5. La matière à l’intérieur de l’énergie). Dans ce milieu, l’idée-individu, ou encore le germe, se développe en conceptualisant la connaissance faiblement liée (1.5.3.). Quand son objectivité locale devient importante, menaçant la perfection-objectivité de chaos du milieu, elle est expulsée, elle meurt (5.13.2). Tout l’art est alors de la saisir, juste avant qu’elle ne s’évanouisse, et de la mémoriser sur un support extérieur à ce milieu.

5.18.2. Une idée développée ou, encore, une structure complexe résidant dans la connaissance en état de sagesse dégrade la perfection - chaos - de cette connaissance, réduit son objectivité. 

5.18.3. L’analyse du contenu de la mémoire, l’observation de la connaissance-matière, la pensée analytique, sont la destruction des structures fixes, sont la voie de la conceptualisation ou de la préparation de la connaissance analysée à sa synthèse-union. Or, la destruction et la conscience de séparation sont souffrance et souvent la mort.

5.18.4. La pensée de synthèse structure la connaissance en état d’énergie 
( état de dispersion ). Elle est l’attraction, la sélection et l’union des éléments, elle crée les structures fixes, la mémoire-référence, elle crée de la matière.
L’union-synthèse, accompagnée de la conscience d’union, est aussi la naissance d’un individu, d’une « espérance » de l’amélioration du chaos-vide ou de l’objectivité du milieu-individu (5.4.) au sein duquel la naissance a lieu.

5.18.5. Réalisation partielle : Les pensées non réalisées, partiellement compactées, « pas entièrement nées », forment des structures résiduelles les liant au réseau de références extérieures. Ces structures occupent plus d’espace que les pensées compactées et indépendantes donc, dans un milieu donné, d’un côté elles limitent le développement de ce milieu vers une objectivité et de l’autre côté, exerçant une pression sur la limite du milieu elles causent l’expansion de l’espace occupé par ce milieu.

5.18.6. Réalisation forte : Pour un milieu donné, une trop forte réduction de sa connaissance la rend irrécupérable, irréversible. La synthèse de l’objectivité au-delà du « seuil de raisonnable » mène à l’uniformisation des individus. C’est la voie vers la réversibilité d’états à tout prix ou, plutôt, la voie de la destruction.

5.18.7. La limite de synthèse d’une pensée-connaissance est la conservation d’un lien - référence - avec l’extérieur pour qu’elle puisse y être reconstituée.

5.18.8. Une connaissance faiblement structurée, donc en état de sagesse, composée d’individus complexes mais séparés par de grandes distances, sera réversible-objective, tandis qu’au niveau des individus mêmes, elle sera irréversible-subjective.

5.18.9. Le raisonnable, le sage, l’intelligent, se placent entre les deux absurdités que sont l’analyse et la synthèse excessives.

5.18.10. Ni ouverture ni fermeture, ni inertie ni accélération, ni tout ni rien ne sont jamais exclusifs, parfaits : chaque état contient en lui la mémoire de l’état lui opposé.

La conception d’une idée est freinée par la cohérence de la connaissance : c’est l’effet d’inertie ou de résistance contre le mouvement. La peur de perdre l’ordre et la raison, la tendance à conserver la logique - le vrai, la peur du mouvement de la pensée - l’attachement à l’immobilité et le plaisir d’être une référence, la peur de la perte de la résistance, donc la peur de la désintégration de la connaissance, sont des obstacles à la conceptualisation et à la création des idées.

D’un autre côté, une fois l’idée créée, elle s’oppose à son intégration dans l’ensemble de la connaissance qui l’a produite, donc à sa compréhension. La peur de l’immobilisation de la pensée en mouvement, la peur de perdre 
l’incohérence de la liberté, la peur de devenir une référence, expriment la tendance à la conservation de cet état de dispersion et, par la production continuelle de nouvelles idées-pensées, créent des obstacles à l’intégration-compréhension de ces mêmes idées.

L’intelligence, l’alternance des états de cohérence et d’incohérence de la connaissance, sont la manifestation de la recherche, par cette dernière, du vide de l’état de sagesse.

 

 

5.19. LA PENSEE SAGE

5.19.1. L’individu-connaissance en état de sagesse, en observant un objet inconnu, ou bien devant un concept nouveau, est perturbé : son conflit avec l’extérieur étant accru - l’état de conscience de sa connaissance est modifié (Le Mystère 3.4.3. et 5.7.2.). La connaissance « sage » en état multiréférentiel (3.6.1.) est « déformée » (3.6.1., 5.8.1., 5.10.3., 5.15.4), apparaît une limite. Afin d’assouplir le conflit, en se reproduisant, elle crée, entre elle et l’objet perturbant, un continuum intermédiaire, un médiateur - son champ de conception (5.11.5.), une pensée.

L’objet inconnu est enveloppé par une couche-continuum du champ. Entre l’observateur et l’objet s’établit une sorte de « continuité », alors que l’enveloppe-image de l’objet est « gravée » dans le champ de conception de l’observateur. Et puisque le champ lui appartient, l’image-concept - son champ déformé - est acceptée, reconnue comme faisant partie de lui. 

Grâce à la génération de la pensée le conflit d’observation diminue, la connaissance concentrée de l’observateur s’assouplit, se sépare (Le Masque 3.5.). Or, un état de liens affaiblis, l’état d’énergie, est caractérisé par l’observation dirigée vers l’intérieur. La pensée cesse l’observation vers l’extérieur: à présent c’est « l’image » intérieure, le champ déformé par la rencontre avec l’objet perturbant qui est observé (3.6.1.).

Si, alors, une observation intérieure s’amorce, si « l’inconnu enveloppé, ou encore, l’inconnu pensé » est analysé et dispersé, il devient le nouveau membre de la connaissance globale : l’observateur-connaissance retourne en état de sagesse initial. Et si cela se fait, les éléments de la nouvelle connaissance participeront à la création d’un champ - pensée originale - afin de répondre au conflit dû à l’observation d’un autre objet extérieur.
Par contre, si l’observation intérieure ne s’amorce pas, « l’inconnu pensé » reste comme tel, non réalisé, incompris, étranger, séparé du reste de la connaissance et l’observateur ne retourne plus en état de sagesse : sa connaissance se singularise, devient subjective. Par rapport au reste de la connaissance, elle devient ignorance.

5.19.2. La pensée a un caractère « enveloppant ».

5.19.3. La pensée joue le rôle de médiateur entre la connaissance observant et son objet d’observation. Dans ce sens, pour que l’observation soit « sage », elle doit être neutre.

5.19.4. Lors d’une observation, l’objet est « connu » si, après avoir été enveloppé par la pensée, le conflit de départ est réduit.

 

 

5.20. LA PENSEE UNIE - l’excès de synthèse

5.20.1. Confrontée à un concept, la pensée dominée par l’union tente immédiatement, sans séparation, sans se diviser pour créer le champ de conception, de considérer ce concept comme réalisé, comme déjà uni à elle. Et pourtant, il n’en est rien, car c’est la séparation, l’assouplissement de l’union de la connaissance, qui rendent possible la réalisation qui elle, et seulement elle, engendre la connaissance.

Il n’y a pas de réalisation immédiate, l’expérience de l’avoir est une expérience de réalisation d’une « vérité » et, comme telle, elle n’est pas transmissible (dans le sens de réversibilité), car les phases intermédiaires ne sont pas réalisées. Et ce n’est pas l’imperfection du langage qui empêche la transmission, c’est le manque de substance, de matière à transmettre qui en est la cause.

5.20.2. En absence de séparation et de souffrance, l’expérience de la pensée unie est essentiellement la conscience d’union et le plaisir.

5.20.3. La pensée unie observe l’objet sans le conceptualiser, sans accomplir la première phase du cycle de l’observation. Par rapport au cycle complet de l’observation, c’est un défaut de la projection du futur, dont la manifestation est observée par cette pensée comme un effet sans cause donc, comme le hasard.

 

 

5.21. LA PENSE SEPAREE - l’excès d’analyse

5.21.1. La pensée dominée par la séparation, donc par le champ, face à un objet-concept inconnu, crée un champ « épais » ou, encore, composé de plusieurs continuum (5.10., 5.11.). L’objet observé se trouve « noyé » dans des champs de conception. En conséquence, cette pensée considère l’objet comme déjà sien, intégré et compris.

Pourtant, il n’en est rien car, lors de l’introspection intérieure, elle ne trouvera que des faibles traces de l’objet : ses « empreintes » dans de multiples champs de conception étant à peine « visibles ».

5.21.2. La conceptualisation excessive ne laisse pas de temps pour l’union. Le sentiment résultant de la pensée dominée par la séparation est essentiellement la souffrance, le manque de réalisation et, aussi, le manque du temps.

La pensée séparée projette l’ordre ou la raison subjective sans que la réalisation se fasse, donc sans effet. Elle ne produit que la première phase du cycle de l’observation : l’analyse. Elle crée la cause sans l’effet, le futur sans le passé. Aussi, peut-elle être considérée comme un défaut du passé. La pensée séparée produit des structures conceptuelles non-référentielles, elle produit de l’énergie.

 

5.22. L’INTELLIGENCE

La connaissance qui n’a pas peur de se déformer, qui observe ses limites où elle n’est plus cohérente, observe tantôt son extérieur, tantôt son intérieur, tantôt le passé, tantôt le futur. Elle réalise l’observation à longue et à courte distance, perçoit et pense, analyse et synthétise, génère la pensée extrospective et introspective, elle s’adapte aux perturbations extérieures et optimalise sa reproduction. Ce type de connaissance est l’intelligence.