à ma mère        

 

 

 

INTRODUCTION  et  DEFINITIONS


Le monde est simple. 
Tout l’art est de le compliquer pour, ensuite, le rendre simple, 
peut-être plus simple qu’il ne l’était au départ de l’analyse.

 

0.1. L’OBSERVATION 

Quand on analyse le processus de l’observation, on constate que les objets cachent à l’observateur leur structure, leur intérieur, leur connaissance, ne permettent pas le prélèvement de leur savoir.
L’observation est un processus de résolution du conflit entre deux connaissances, celle de l’observateur et celle de l’objet de l’observation.

Au niveau de l’observateur, c’est une action dirigée vers ce qui est inconnu. Son but est la transformation de l’inconnu observé en connu, la réduction du conflit.
Considéré au niveau de l’objet de l’observation, le processus de l’observation est une perturbation extérieure qui produit une perte de sa connaissance et qui, nécessairement, modifie son état. En effet, à l’issue de la perturbation, l’objet dévoile sa structure, rend possible le prélèvement par l’observateur des informations jusqu’ici inaccessibles.


0.1.1. DEUX PHASES
Ainsi, le processus de l’observation est réalisé en deux phases. La première, active, consiste en l’obtention de l’accès à une structure inconnue, et la phase seconde, passive, est l’acquisition et la mémorisation des informations rendues accessibles par la première phase.
L’observation complète, les deux phases, est la modification de l’objet de l’observation suivie par la création d’une connaissance au sein de l’observateur.



NOTES :

  • Pour connaître ce qui est caché, invisible, pour résoudre le conflit observateur - observé, l’observateur doit dépenser de l’énergie.

  • Le dévoilement total de la structure d’un objet est équivalent à sa destruction complète, et la destruction totale nécessite une énergie infinie.

  •  Véritablement, c’est le caché qui fait l’objet, c’est l’inaccessible qui crée la séparation-conflit entre l’objet et l’observateur. En effet, là où tout est connu, il n’y a ni observateur ni objet d’observation - aucune dépense de l’énergie n’est nécessaire.


 

 


0.1.2. MATIERE ET ENERGIE : définitions
L’on appellera « matière » tout ce qui est connu à l’observateur : connaissance, mémoire, sens, modèle, forme, visible, possédé, accessible, explicite, compacté, manifesté, réalisé etc. La matière est une connaissance indiquant comment produire un champ conceptuel de l’observation : le champ qu’est l’énergie. 

L’on appellera « énergie » ce qui est conçu, imaginé, symbolisé, valorisé, évoqué ou pensé à la base de la matière. 
L’énergie est un champ conceptuel développé, à partir de la connaissance contenue dans la matière, lors de la phase d’accès du processus de l’observation.


Phase de l’Accès :


( observateur ) ( développement de la connaissance ) ( objet )

MATIERE     ---->  conceptualisation  ---->    ENERGIE 

connaissance                                                  ( ignorance )
   séparation,
 division
  ignorance, 
  concept, 
   champ

Phase de l’ Acquisition :


( observateur )    ( réalisation du concept )    (objet ) 

MATIERE     <----    réalisation    <----  
  ENERGIE
concept réalisé 
union 
concept



La matière est un champ d’observation condensé, elle est un concept réalisé lors de la phase de l’acquisition du processus de l’observation. Elle contient les informations nécessaires pour créer un champ-énergie à partir duquel elle-même pourrait être recréée.

Le processus d’observation est la transformation réciproque de la matière et de l’énergie.



0.1.3. LES OPPOSES
La création d’un concept, ou encore, la conceptualisation, est un processus de partage et de séparation des éléments unis. Elle est la division de la matière, la perte du sens et la production de l’énergie. Aussi, est-elle la création d’un nouveau foyer d’observation.

Par contre, la réalisation d’un concept, l’intégration de l’énergie, l’incorporation, la possession, la consommation, la compréhension, la synthèse, sont la création de l’unité, de la matière et du sens ; elles indiquent l’extinction d’un cycle de l’observation.
Ainsi donc, la réalisation de l’énergie produit de la matière, alors que la conceptualisation de la matière crée de l’énergie. 

Cependant, dans un domaine limité de l’observation, ni la phase de réalisation ni la phase de conceptualisation ne peut être totale, en conséquence, la matière et l’énergie, qui sont créées dans ce domaine, ne pourront jamais être parfaites.


NOTES :

  • Dans un domaine limité, la complémentarité ou l’opposition d’éléments ne sont pas parfaites.

  • Le concept de séparation naît au sein d’une unité imparfaite.

  • L’imperfection et la limitation sont à l’origine de la création d’un concept.

  • Le concept d’unité est évoqué par une séparation non totale, imparfaite.

  • Le concept « parfait » d’une union parfaite engendre le concept « parfait » opposé d’une séparation parfaite :
    « Concept Parfait = Séparation Totale = Union Parfaite »

  •  Une dualité infinie, une structure formée de deux opposés extrêmes ne produisent pas de conflit d’observation, ne créent ni inconnu ni connu, n’engendrent ni énergie ni matière et, comme tels, sont sans limites, indestructibles, éternelles, car vides d’imperfection.




0.1.4. LE VIDE
La conceptualisation et la réalisation n’ont de solution ni dans le monde de la matière ni dans celui de l’énergie. Elles sont tant que l’imperfection est, et disparaissent dans la perfection de l’état de vide.
L’observation - le processus de conception et de réalisation - mène à la perfection, au vide. Le vide - l’absence de l’observation - est le hors-matière et le hors-énergie, alors que son opposé est l’observation.

En effet, une impureté infiniment faible de matière ou d’énergie dans le vide crée un déséquilibre infiniment grand. C’est le début de l’observation - conscience : du vide naît tantôt l’énergie, tantôt la matière.



NOTES :

  • L’énergie et la matière sont la conséquence de l’imperfection du vide.

  • L’identité parfaite des opposés est leur annihilation, le vide.


 


1.0. LE CONCEPT

 

L’idée vient à l’esprit comme un concept sans forme, nue, irrationnelle, mais parfaitement présente ; et c’est alors que la pensée commence à l’observer, à l’envelopper d’une description. Ainsi, le langage disponible à l’esprit crée la forme qui, elle, cache l’idée de départ : la forme créée est connaissance.

La reconstitution à partir de la forme, donc à partir de la connaissance, de l’idée qui a créé cette forme, est l’évocation.

Cependant, à cause de l’imperfection du langage qui fait la connaissance, l’idée évoquée ne sera jamais celle qui a déclenché le processus.






AVERTISSEMENT

– Qu’est-ce que la pensée ? 
– Pour la connaître, observons la seule observable, la nôtre.
– La pensée qui s’observe elle-même ?

D’habitude, à une telle proposition, nous répondons qu’un observateur ou, encore, un système, ne peut se connaître lui-même car pour connaître, celui qui observe doit être séparé de l’objet de son observation. Comment faire alors? 

Créons, dans notre pensée, des objets simples et admettons que ces objets ont la capacité de générer une pensée élémentaire et, ensuite, observons le processus de la pensée. Certes, la proposition est intéressante. Mais, pour simuler la pensée élémentaire ne faut-il pas savoir ce qu’est la pensée ? Pas nécessairement. Nous pouvons lui assigner notre pensée « simplifiée ». 

L’idée est audacieuse et peut-être, certains diront, aberrante. Sans doute, mais, c’est cela qui fait son charme. Et d’ailleurs, quoi d’autre si ce n’est de s’attaquer à l’introuvable, à ce bastion de l’inconnu, qui ait un sens quelconque ? Nous n’allons pas ici défendre cette procédure ; nous allons l’appliquer à nous-mêmes - c’est là, notre « quête ». 

Dans les « expériences de pensée », qui vont suivre, nous allons observer les développements de certaines idées en imposant à notre pensée la « simplification » sous forme d’une limitation : ne réfléchir qu’en appliquant le principe de l’observation en deux phases, exposé dans le chapitre 0.1.1 ; séparation et union ou, encore, énergie et matière (0.1.2.).

 



1.1. EGALITE - INEGALITE : une expérience de pensée

1.1.1. EGALITE
Créons un objet-observateur élémentaire ; - simple et unique. Appelons-le une Cara. Créée afin d’observer (1), Cara est limitée et possède la capacité d’observer son extérieur et son intérieur. Elle se trouve dans un milieu totalement vide.

Cela étant, Cara observe l’extérieur et le trouve uniforme et vide. Par la suite, elle se tourne vers son intérieur où elle constate ses propres limites. L’observation de sa limitation évoque en elle la conviction que le vide, qu’elle a observé à l’extérieur, n’est dû qu’à sa propre limitation. Qu’en réalité, le vide contient quelque chose, mais que cette chose lui est inconnue.

Elle en déduit que son observation du vide est fausse.

Ainsi, Cara plonge dans l’erreur, dans ignorance. Elle nie son observation juste, elle se met en état de conflit de l’interprétation du résultat de l’observation.
Afin de résoudre le conflit, afin de réduire l’erreur, elle évoque une image de l’inconnu pour pouvoir l’observer et obtenir la confirmation de sa déduction. Or, l’image produite ne peut être que sa propre connaissance, sa limite.

Alors elle transpose, ou plutôt reproduit son intérieur connu sur l’extérieur inconnu. Elle évoque une image d’elle-même, l’image de sa limite (2). Le processus discuté est la conceptualisation du vide et la division de la limite.

Dans cette expérience de pensée, la base de l’observation est le Concept d’Egalité de l’intérieur et de l’extérieur de l’observateur : 


« L’EXTERIEUR  EST  COMME  MON  INTERIEUR »


 


(1) C’est la limitation, l’extraction, la sélection, ou encore la séparation d’un domaine particulier dans l’infinité du monde anonyme, qui créent le concept d’observation.

(2) Elle reproduit l’imperfection ou l’artefact qu’est sa propre présence (ou sa création).

 

 


1.1.2. LA DIVISION
La reproduction du contenu de l’intérieur sur l’extérieur, l’évocation ou, encore, la pensée, se réalisent par l’affaiblissement des défenses de la limite de Cara, par sa division et par l’infiltration du vide à l’intérieur de son territoire.


1.1.2.1. DIVISION EN PARTIES EGALES
Si la division de la limite est parfaite et les parties égales, l’observation de la partie évoquée correspondra à la connaissance possédée par chacune de parties.
Pour les deux Cara identiques, l’observation sera la confirmation du Concept d’Egalité de l’intérieur et de l’extérieur qui était à l’origine de la division. Il n’y aura plus d’action.

C’est un état sans conflit, où le concept de base - appelons-le Concept de Réalité - s’accorde avec l’expérience d’observation. C’est l’union. Toutefois, il convient de remarquer que cet état est conditionné par la présence du Concept de Réalité proclamant l’égalité intérieur - extérieur.


1.1.2.2. DIVISION EN PARTIES INEGALES
Par contre la division de l’observateur en parties inégales produit un désaccord de l’observation avec le Concept de Réalité (égalité) car chacune de Cara observe l’extérieur en se référant à la connaissance de sa limite, à sa « taille ».

Les Cara de différentes « tailles » ne se reconnaissent pas entièrement, chacune d’elles constate que l’objet observé est différent d’elle ; les observateurs sont perturbés, apparaît un conflit.

 

NOTE :

  • L’ampleur du conflit devrait dépendre des proportions du partage.

 




1.1.3. LE BLANC ET LE NOIR
Une autre façon d’approcher la division est d’interpréter la limite interne de Cara comme un objet « blanc », et ce qui ne correspond pas à cette limite - comme « noir ». En ces termes, l’observation du noir au lieu du blanc non parfait est l’évocation la plus directe, immédiate, est un jugement extrême : L’EVOCATION DE L’OPPOSE. 

Le concept appliqué ici est : 

« CE  QUI  N’EST  PAS  COMME  MOI  ( OU MOI )  EST  MON OPPOSE »


Ainsi, une Cara blanche qui, en se divisant en parties inégales, produit une fraction blanche, observe cette fraction « comme si c’était une Cara noire ». Du point de vue de Cara blanche, en tenant compte du fait que la seule connaissance qu’elle détient est celle de son intérieur - le blanc, l’observation d’une Cara noire crée en elle un intérêt-conflit à la connaître (1).

L’approche et la connaissance réciproque des Cara sont la voie de résolution de leur conflit. Les Cara inégales vont s’attirer afin de réduire l’énergie du conflit d’observation, afin de réduire l’ignorance et de réaliser le Concept de Réalité.

 

 

PENSEES :

  • La division imparfaite mène à l’évocation d’une image opposée et, en conséquence, à l’attirance des parties séparées.

  • Tant qu’il y a la séparation - l’ignorance se maintient. L’ignorance s’annule lors de l’acte d’union, lors de la « connaissance » .

  • L’union, la réalisation du Concept de l’Egalité de l’intérieur et de l’extérieur, sont l’annulation de l’erreur d’observation, l’annihilation du concept de limitation.

  • La concordance du Concept de Réalité avec l’expérience, l’absence d’observation, ne sont que des moments infiniment courts car, les parties une fois unies forment de nouveau un intérieur commun séparé de l’extérieur non uni avec elles.

  • Il est possible qu’il se produise une suite de divisions de Cara primaire, et cela avant que l’union avec la première partie séparée se réalise.


(1) La création de la « noire » est la conséquence de l’application du Concept de Réalité : « L’extérieur est comme mon intérieur ».

 



1.1.4. LE VIDE - OBSERVATEUR
1.1.4.1. Pourtant, il existe une autre possibilité de réduction du conflit de l’observation. Ayant l’expérience du vide à l’extérieur et l’expérience de la limitation à l’intérieur (1.1.1.), Cara peut conclure que c’est plutôt l’observation de sa limite qui est fausse, qu’elle n’a pas de limite et que, en réalité, elle est le vide.

Bien sûr, l’adoption d’une telle attitude, d’un tel Concept de Réalité, l’introduit aussi dans l’erreur-conflit d’interprétation de son expérience d’observation.


Afin de résoudre le conflit, pour avoir la confirmation de sa déduction, elle annihile la connaissance de sa limite et, à la place de cette connaissance, elle évoque « l’objet de son observation » - le vide. Autrement dit, elle transpose l’image du vide, l’absence d’objet d’observation qu’elle expérimente à l’extérieur, vers son intérieur. Elle reproduit l’inconnu sans limites dans son intérieur connu et limité, elle masque sa limitation et, en conséquence, elle expérimente le vide aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Elle s’annihile. La transposition du vide, effectuée par une Cara limitée, est le processus de conceptualisation de l’observateur.

 

PENSEE :

  • Ce processus peut aussi être analysé en considérant le vide comme l’observateur et Cara comme son objet d’observation. Dans ce cas, le vide, en réalisant le Concept d’Egalité évoque l’image de lui-même et le projette sur Cara-limite ; le vide prend la place de la limite.



1.1.4.2. UNION
L’union est la réalisation par le séparé du Concept d’Egalité. Or, cette réalisation évoque le concept opposé, le Concept d’Inégalité (1).

 

PENSEES :

  • L’union est la séparation de ce qui est uni, du reste non uni.

  • Tout ce qui « est » tend vers la séparation et, se séparant, s’unit avec ce qui « n’est pas ». 

  • Tout ce qui « n’est pas » tend vers l’union et, s’unissant, se sépare de ce qui « n’est pas ». 


(1) Ce qui est uni évoque le Concept d’Inégalité qui le mène vers l’état de séparation.

 

 


1.1.5. INEGALITE
1.1.5.1. CONCEPT D’INEGALITE
A présent, observons une Cara fondée sur le Concept d’Inégalité. Comme dans l’autre cas, elle observe le vide à l’extérieur et sa limitation à l’intérieur.
Or, maintenant, la différence de l’observation est directement confirmée par le Concept d’Inégalité. En conséquence, Cara n’entreprend aucune action de correction, elle ne fait rien. Il n’y a pas de changement.

Grâce à son Concept de Réalité, elle accepte l’inégalité observée du vide infini et de sa limitation, l’incompatibilité de son intérieur et de l’extérieur.
C’est l’acceptation du réel, de « la vérité », la fusion du Concept de Réalité avec l’expérience d’observation. L’observation cesse. Pourtant, nous l’avons vu, cet état est maintenu par le Concept d’Inégalité.

 

 

NOTES :

  • Pour ce qui est gouverné par le Concept d’Inégalité, qui recherche une différence ou un déséquilibre, la réalisation de son Concept de Réalité s’accomplit par la séparation, par la destruction de l’égal ou par l’annihilation de sa propre limite.

  • En fait, une Cara-inégalité parfaite n’a pas de « limite », car aussi bien sa limite que le vide sont inclus dans son intérieur. Elle est illimitée, donc conceptuellement égale au vide observé à l’extérieur. Une Cara-inégalité observe le vide aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.

 

 



1.1.5.2. DEUX CARA
Lors de l’observation par une Cara-inégalité d’une autre Cara-inégalité, la résolution du conflit d’observation se fera par l’évocation de l’inégalité.
Les Cara vont tendre à s’éloigner jusqu’à l’infini, à se séparer pour créer le maximum du vide à l’extérieur, pour produire un déséquilibre, une différence. Aussi, vont-elles tenter de modifier leurs propres limites, de détruire leurs identités.

 

NOTES :

  • La séparation est la réalisation, par ce qui est uni, du Concept d’Inégalité.

  • Matière et énergie, connaissance et ignorance, division et union, observation et vide, sont les conséquences de la création d’une Cara - observateur élémentaire.


 



1.1.6. A ce stade, en fonction du concept d’observation de l’extérieur et de l’intérieur, nous allons distinguer deux types de Cara. 


Celle qui adopte le Concept d’Egalité sera appelée une Cara-matière ou matière, alors que l’autre, qui poursuit le concept opposé, le Concept d’Inégalité, nous l’appellerons une Cara-énergie, ou énergie.